Minnesota Lynx 84-89 Connecticut Sun
On vous parle globalement beaucoup du Sun, c’est un fait. On aime bien cette équipe et ces joueuses, même après la saignée de l’intersaison qui a vu Curt Miller, Jonquel Jones et Jasmine Thomas, trois membres éminents de la franchise, faire leurs valises. Il faut dire qu’il est difficile de ne pas être enthousiasmé par ce que fait Stephanie White à la tête de ce groupe, comme Ghislain l’a très bien expliqué dernièrement. Aujourd’hui, est déjà venu ce moment de la saison où Alyssa Thomas nous inflige sa piqure de rappel. Celle qui nous fait dire, en version édulcorée : “Bon sang, que cette fille est forte et unique en son genre !”
Alyssa trouve toujours le moyen d’être sous-cotée et un peu oubliée des discussions pour le titre officieux de meilleure joueuse de la ligue et celui, plus officiel de MVP. A chaque fois, elle parvient à sortir le monde de sa cécité avec des performances d’un niveau stratosphérique, au-delà même de toute considération statistique. Une preuve que “AT” a toujours du mal à intégrer ces fameux classements et discussions ? Eden Laase-Derouin, l’excellente journaliste de Just Women Sports (on vous recommande ses portraits passionnants et sa couverture globale de NCAAW et de la WNBA), avec laquelle je discute parfois, l’avait ainsi placée au 13e rang de son top 25 des meilleurs joueuses WNBA sur la ligne de départ pour la saison 2023. Ni une, ni deux, je m’étais élevé en défenseur de la veuve et de l’Alyssa en lui expliquant que “The Engine” méritait selon moi d’être bien plus haut.
Après cinq victoires en six matchs pour le Sun et quelques copies bien gourmandes rendues par “AT”, la voilà qui refait son chemin dans l’esprit des gens. Son match face à Minnesota la nuit dernière, avec 16 points, 16 passes, 9 rebonds et un money time du tonnerre des deux côtés du terrain pour contenir le comeback de Napheesa Collier (30 pts) et de ses camarades, est un parfait condensé de ce qu’est “l’expérience Alyssa Thomas”. Jamais une joueuse WNBA n’avait posé une telle ligne de stats (au moins 16 pts, 16 asts et 9 rbds) depuis la création de la ligue. Au passage, la championne du monde 2022 avec Team USA a battu le record de passes décisives sur un match du Sun et s’est rapprochée du record de la franchise aux rebonds détenu par Taj McWilliams-Franklin (lire son portrait ici).
Peu de temps après le buzzer final, Eden tweetait à mon intention : “OK, tu avais raison à propos du fait qu’Alyssa Thomas devait être plus haut dans mon classement LOL”.
Mais justement, à quelle place faudrait-il la remonter pour lui faire justice ? La réponse n’est pas évidente. La WNBA est pleine de joueuses phénoménales, dont certaines ont un bagage technique supérieur à celui d’Alyssa Thomas, ce qui la dessert aux yeux du grand public depuis des années. Chez Swish Swish, sachez qu’on ne se souciera absolument jamais du fait qu’elle est incapable de produire physiquement un jump shot (notre interview de 2020 avec elle en Belgique vous expliquera pourquoi si vous l’ignorez). Tout le reste dépasse l’entendement. Notamment son intensité, sa vision du jeu, l’intelligence de son placement et sa dureté physique. Tout ça ne constitue qu’une infime partie de sa panoplie et on n’évoque même pas les fameux intangibles ou son leadership évident.
Tout ça pour dire, après cette nouvelle victoire face aux Lynx, que Connecticut carbure bien et que c’est en partie grâce à celle qui est désormais sa franchise player incontestée et peut déjà postuler au titre de joueuse la plus emblématique de l’histoire du Sun. On essaye de ne plus oublier qu’Alyssa Thomas est aussi forte la prochaine fois ? Promis ?
