Breanna Stewart, comme si elle n’était jamais partie…

14 avril 2019. Sur le parquet de Sopron, en finale de l’Euroleague, Breanna Stewart s’élève pour shooter face à Brittney Griner, mais percute l’intérieure d’Ekaterinburg et de Phoenix. A peine retombée, “Stewie” s’effondre en se tenant le pied, pleurant de douleur et consciente que quelque chose de grave vient de se produire. Le verdict tombe rapidement : rupture du tendon d’Achille. L’histoire l’a prouvé, il vaut généralement mieux se briser la jambe en deux ou se déchirer les ligaments du genou que de subir cette blessure, généralement considérée comme la pire qui soit pour un joueur de basket. Quiconque aime la WNBA, qu’il aime le Seattle Storm ou non, a ressenti au minimum un pincement au coeur en apprenant la nouvelle. Pour celles et ceux qui se sont pâmés devant le talent de la jeune légende de UConn, il y avait de quoi considérer que c’était un drame sportif.

Au moment où Breanna Stewart s’est blessée, elle était littéralement sur le toit du monde. Procédons par ordre chronologique. Pour sa troisième saison chez les pros, Stewart a ainsi été élue MVP de la saison régulière, a remporté le titre avec Seattle contre Washington (3-0) en étant élue MVP des Finales, puis s’est envolée pour l’Espagne quelques jours après le sacre, où elle a remporté la médaille d’or au Mondial 2018 avec Team USA, en étant là aussi désignée MVP du tournoi. Vous pensiez que c’était fini ? Après un trop court repos, Breanna Stewart a repris la saison en Russie, avec le Dynamo Kursk. Ses performances sur la scène européenne lui ont tout bonnement permis de recevoir le trophée de MVP de la saison en Euroleague, où elle a conduit le club slave jusqu’en finale et à ces dernières secondes maudites de la première mi-temps.

Il faut se rendre compte que ce qu’a accompli Stewart en un an est complètement insensé en termes d’excellence sportive. Tous sports confondus, des runs de cette envergure sont rarissimes. Que l’on apprécie ou non son style de jeu, elle était tout simplement la meilleure et la plus dominante des joueuses de la planète.

La voir être frappée par la plus handicapante des blessures a été un crève-coeur. Pourrait-elle s’en remettre et revenir ne serait-ce qu’à 75% de ce qu’elle avait été ? Si on se penche sur l’historique en NBA, l’immense majorité des joueurs victimes d’une rupture du tendon d’Achille n’ont jamais retrouvé la même explosivité, ni même la même mobilité. En 2013, une étude de l’université de Drexel avait constaté que 7 des 18 joueurs victimes de cette blessure entre 1988 et 2011 n’avaient jamais pu revenir à la compétition. Parmi le reste, trois avaient réussi à rejouer une seule saison et les autres avaient manqué en moyenne 56 matchs par an jusqu’à la fin de leur carrière…

Quelques années plus tard, une autre étude s’appuyant cette fois sur les statistiques des “survivants”, a montré que l’adresse globale et à 3 points des joueurs concernés baissait sévèrement. On se souvient tous de ce match au cours duquel Kobe Bryant s’est rompu le tendon avant de tirer (et réussir) héroïquement ses deux lancers. Le Black Mamba avait déjà 34 ans, mais cette blessure – en dehors de son dernier match culte en NBA – l’a privé d’une fin de carrière plus probante avec les Lakers, au moins sur le plan individuel.

S’il y avait un exemple dont pouvait s’inspirer Breanna Stewart, c’était éventuellement celui de Dominique Wilkins. La superstar des Atlanta Hawks, athlète irréel, avait surmonté ce même mal à 32 ans, en parvenant à retrouver son aptitude au scoring (2e meilleur marqueur de la ligue derrière Michael Jordan dès sa saison de retour) et un niveau global de All-Star.

Kevin Durant sera dans une situation similaire dans quelques mois, lorsqu’il fera ses débuts avec les Brooklyn Nets. Et l’exemple de “KD” pourrait bien être Breanna Stewart.

Déjà joueuse de la semaine

Après quatre matchs cette saison dans la Wubble, “Stewie” a montré qu’elle était prête à reprendre le chantier là où elle l’avait laissé. Ce ne sont que quatre rencontres, c’est vrai. Mais la différence entre la Breanna Stewart de 2018-2019 et celle d’aujourd’hui ne saute pas franchement aux yeux pour le moment. La New Yorkaise de naissance vient d’être élue meilleure joueuse de la première semaine de compétition, avec l’épatante Myisha Hines-Allen de Washington. Sur le plan statistique, Stewart tourne à 18 points, 9.3 rebonds, 3.3 passes et 2.8 interceptions par match, à 47% d’adresse globale et 38% à 3 points.

Il suffit de l’observer sur des séquences comme celles ci-dessous pour comprendre que l’appréhension a vite été dissipée.

Un stepback, pour prouver que la qualité de son footwork n’a pas été trop affectée.

https://twitter.com/WNBA/status/1289724645512544256?s=20

Une petite déviation au rebond offensif pour scorer après avoir été plus vive et avoir sauté plus haut que deux joueuses de Minnesota. Ça, c’est pour les questions sur sa détente.

https://twitter.com/seattlestorm/status/1288299175927361536?s=20

Un magnifique repli défensif à une contre deux pour se rattraper de sa perte de balle initiale. Admirez le feeling défensif et la lecture du jeu avant de scotcher Damiris Dantas.

https://twitter.com/WNBA/status/1288307734933372928?s=20

Sa dernière sortie contre les Los Angeles Sparks est sans doute la plus aboutie, preuve qu’elle monte peut-être en puissance. Face à une opposition quand même censée être parmi les plus relevées de la ligue, Stewart a rayonné avec 21 points, 9 rebonds, 5 passes, 4 interceptions et un contre, avec 3 paniers à 3 points, son meilleur total depuis la reprise. Le geste est fluide et la confiance sur la pente ascendante. Si elle n’est pas encore en mode MVP 2018, ça commence gentiment à y ressembler.

Breanna Stewart aura 26 ans à la fin du mois d’août et on croise les doigts pour que cette tendance positive et prometteuse se confirme.

“Je suis toujours un peu sous le choc de pouvoir rejouer et d’être de retour dans la ligue. C’est surréaliste. Être avec mes coéquipières et me battre à leurs cotés pendant 40 minutes dans cette atmosphère de compétition, ça m’a tellement manqué… Aujourd’hui, je n’ai plus à me passer de ça”, expliquait-elle au New York Times il y a quelque jours.

On n’a plus à se passer de Breanna Stewart non plus et rien que pour ça, le maintien de cette saison 2020 valait le coup.

Les temps forts de Breanna Stewart contre les L.A. Sparks

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