Brittney Griner est libre !

L’administration Biden avait beau répéter que la libération de Brittney Griner était l’une de ses priorités, le temps commençait à être long. On pouvait se demander si les Etats-Unis avaient les leviers de négociation suffisants pour que cesse cette situation dramatique. La bonne nouvelle est tombée jeudi, par le biais d’un tweet de Joe Biden. “Je viens de parler à Brittney Griner. Elle est en sécurité. Elle est dans un avion. Elle est en chemin pour la maison”. Bon sang, quel soulagement !

Dix mois après son arrestation dans un aéroport russe pour s’être présentée avec de l’huile de cannabis à vapoter dans ses bagages, la joueuse du Phoenix Mercury va retrouver sa famille et passer les fêtes chez elle, avec son épouse Cherelle. Cette dernière a montré un courage et une dignité de tous les instants depuis le jour de l’interpellation de “BG”. C’est aussi pour elle que l’on ne peut qu’être heureux de cette libération, alors que la membre de Team USA avait été condamnée à 9 ans de prison au terme de son procès.

Evidemment, on a hâte de voir Brittney Griner sur le sol américain pour s’assurer de sa santé et de son moral. On ose à peine imaginer à quel point la situation a été terrible pour elle psychologiquement, alors qu’elle a déjà eu à gérer des difficultés sur le plan de la santé mentale au cours de sa carrière. Être une femme noire, lesbienne et américaine dans une prison russe et en pleine guerre en Ukraine, c’est un combo fort peu enviable. A des milliers de kilomètres de ses proches, avec des courriers comme seul moyen de communication, il est probable qu’elle ait vécu des moments particulièrement sombres.

Il a fallu que le gouvernement américain accepte, après de longs mois de négociation, d’échanger en retour le trafiquant d’armes Viktor Bout, détenu lui aux Etats-Unis depuis 2012. L’administration Biden espérait faire libérer dans le même temps Paul Whelan, un Marine lui aussi incarcéré en Russie, et c’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles les tractations ont mis autant de temps. Pour la famille de ce dernier, il faudra encore patienter. Au passage, on aimerait beaucoup arrêter de lire des analyses Twitter sur le côté non-équitable de l’échange, avec des gens qui se focalisent sur les CV de Bout et de Griner. Une vie humaine est une vie humaine et celle de Griner n’a pas moins de valeur que celle d’un diplomate ou d’un artiste qui aurait été incarcéré à sa place. Si les Etats-Unis ont validé cet échange après presque un an, c’est qu’il n’y avait très probablement pas d’alternative. Si on pouvait se contenter de se satisfaire de la libération d’une femme plutôt que de comparer ce qui s’est produit à un trade en NBA, ce serait bien aimable…

Il va de soi que l’on rêve de revoir Brittney Griner sur un parquet en WNBA. Cela voudra dire qu’elle s’est remise de cette traumatisante expérience et qu’elle a pleinement repris le contrôle de sa vie. Mais n’en demandons pas trop. Le simple fait qu’elle puisse être auprès de ses proches et en liberté est une énorme victoire. A 32 ans, “BG” a encore de très belles choses à vivre et peu importe si cela doit se faire loin des terrains.

On notera quand même que la WNBA et les actrices du basket féminin aux Etats-Unis ont encore été celles qui se sont le plus mobilisées pour alerter sur l’urgence et la gravité de la situation. Il ne s’est pas passé une journée sans que Breanna Stewart et bien d’autres utilisent leur plateforme, sur le parquet ou en dehors, pour que Brittney Griner reste dans l’actualité et ne soit pas oubliée. A l’image de ce qu’elles ont déjà montré en termes d’impact politique et dans des causes importantes, ces femmes continuent d’être admirables.

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