Candace Parker couronnée : on ne badine pas avec une légende

Candace Parker a beau être humble, elle puise son énergie à la même source que les plus grands athlètes de ce monde : celle de l’ego. En 2019, quelques jours avant ce match à élimination directe fatidique où Derek Fisher a eu l’idée géniale de la bencher, “CP3” découvre, sans doute avec stupeur, qu’elle vient d’être désignée “joueuse la plus surcotée de WNBA” par ses consœurs de la ligue dans un sondage réalisé par ESPN. Difficile de savoir ce qui a motivé le choix des votantes à ce moment-là. Certes, Parker ne semblait plus être dans son prime, mais la sentence est un peu rude. A moins que le terme le plus adéquat ne soit… salvatrice ?

Dans la foulée de cet affront, pour ce qui s’avérera être sa dernière saison à Los Angeles, Candace décroche le titre de Defensive Player of the Year, tout en réalisant un exercice d’une propreté sidérante en attaque (51%). Puis l’icône des Sparks tracte en vain l’équipe sur ses épaules jusqu’à la chute contre Connecticut en barrage. Dans sa tête, le choix est peut-être déjà fait. Son avenir ne passe probablement plus par L.A. si elle veut ajouter un deuxième titre à son palmarès. Après tout, la franchise va offrir une promotion à Fisher – qui semble gagne un rang dans la hiérarchie chaque saison quel que soit son bilan – et s’apprête à proposer à Nneka Ogwumike le statut de “joueuse désignée” plutôt qu’à elle, gardienne du temple depuis… 13 ans.

C’est à Chicago qu’elle décide donc d’exercer sa vengeance. De prouver à celles et ceux qui la trouvaient “finie” ou davantage concentrée sur le job d’analyste NBA dans lequel elle excelle hors-saison, en donnant des leçons de QI basket à Shaquille O’Neal. A Windy City, qui n’est qu’à 50 km des playgrounds de Naperville où elle a fait ses gammes, Candace Parker était attendue comme le messie. C’est bien là que se situe son exploit. Candace savait pertinemment en choisissant le Sky que les regards et la pression seraient dorénavant braqués sur son équipe et sur elle. Ce handicap, Chicago et sa superstar l’ont enjambé, pour décrocher le premier titre de l’histoire de la franchise dimanche. Parker, elle, a cimenté sa place au Panthéon de la WNBA. Elle faisait déjà partie des 25 meilleures joueuses All-Time, mais ce succès avec une deuxième franchise différente, celle de “sa” ville, va cimenter sa légende et la faire grimper dans bien des classements officieux.

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On ne va pas se mentir, voir Candace Parker réussir ce pari un peu fou nous a filé des frissons. Le chemin n’a pas été sans accroc, mais l’aboutissement est fabuleux. Impossible de rester insensible aux larmes qui perlaient sur le visage de CP3 avant même le coup de sifflet final. Ou à ce câlin avec sa fille Lailaa, dont elle avait parlé avec tellement d’amour et d’admiration quand on avait eu la chance de l’interviewer en 2020. Son étreinte avec les autres membres de sa famille. Celle avec les Vanderquigs, devenues le premier couple à remporter un trophée dans le monde des sports US. Puis Kahleah Copper, sa protégée. Et enfin un geste symbolique vers le ciel, pour remercier les êtres aimés partis trop tôt, comme Pat Summitt ou Kobe et Gigi Bryant.

La masterclass de leadership de Candace Parker

On peut parler de Candace Parker la joueuse, bien entendu. A 35 ans, elle a de nouveau proposé une saison de belle facture, bien que tronquée à cause d’une blessure à la cheville. Mais en playoffs, on a vu que “CP3” était une créature unique, un monstre de compétition (13.8 points, 8.4 rebonds, 4.4 passes de moyenne) mais aussi et surtout de leadership. Sur le terrain, Parker a accepté de prendre du recul et de ne pas toujours être l’option n°1. Souvent, sa priorité a été de faire briller les autres ou de verrouiller la meilleure intérieure adverse plutôt que de chercher à tout prix à tourner autour des 20 points comme à son apogée. Evidemment, elle n’a pas fui les responsabilités lorsqu’il a fallu marquer le 3 points de l’égalisation dans le money time, pour enflammer la Wintrust Arena.

En dehors, on l’a constamment entendu dire qu’elle croyait dans ce groupe et dans certaines de ses joueuses en particulier. Même dans les moments difficiles. Sans elle, Kahleah Copper n’aurait très certainement jamais pris cette dimension. “KFC” l’a reconnu à plusieurs reprises et à nouveau au moment de recevoir le trophée de MVP des Finales : c’est parce que Candace Parker l’a immédiatement prise sous son aile et l’a challengée, parce qu’elle avait repéré en elle le feu sacré, qu’elle est devenue une All-Star et désormais une joueuse incontournable de la ligue.

Sans elle, pas sûr non plus que Courtney Vandersloot aurait réussi des playoffs et des Finales de ce niveau, sans jamais flancher. Être une chef d’orchestre aussi géniale que “Sloot” demande énormément d’énergie. S’il faut en plus assurer le leadership de l’équipe au quotidien et à chaque rencontre décisive, la tâche devient herculéenne. La voir faiblir comme lors des deux dernières campagnes était finalement logique. Cette saison, Vandersloot n’était plus seule pour remobiliser les troupes. “CP3” était là pour prodiguer conseils et encouragements, mais aussi changer la dynamique des matchs grâce à son expérience et son langage corporel. La meilleure meneuse de la planète a ainsi pu se concentrer avant tout sur la partie technique, celle-là même où elle n’a aucun équivalent en WNBA. Résultat : 11.5 points, 12.5 passes, 5 rebonds et 2 interceptions de moyenne, avec un impact qui aurait très bien pu lui permettre de décrocher le titre de MVP des Finales sans que ce soit un scandale.

Sans Candace Parker, l’avènement de James Wade n’aurait pas été aussi évident. Le coach du Sky a été parfait pendant ces playoffs, après deux campagnes frustrantes et une épée de Damoclès au-dessus de sa tête et de son fauteuil de head coach/GM. Candace Parker l’a aidé, tactiquement et mentalement, à chasser les doutes et à résoudre les épineux problèmes, défensifs notamment, qui avaient jusque-là privé Chicago du bonheur.

La célèbre phrase de Rudy Tomjanovich, “ne sous-estimez jamais le coeur d’un champion”, est particulièrement adaptée aujourd’hui. Beaucoup ont douté de la capacité de Chicago et de sa star à la personnalité solaire à succéder à Seattle. C’était une erreur et plus personne ne la commettra lorsqu’il faudra se pencher sur la saison 2022.

Candace Parker n’est pas revenue à Chi-Town pour un one-shot, mais bien pour remettre complètement la ville sur la carte du basket et écrire une nouvelle page de sa légende. Merci pour la belle histoire et vivement la suite !

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