Plus les années passent et plus on a le sentiment que la ligue est bien trop étroite par rapport aux talents qui foisonnent dans le basket féminin. L’expansion de la WNBA est sur toutes les lèvres et ce début de saison démontre bien que c’est un réel besoin pour la ligue.
Sur les 36 joueuses draftées lors de la cuvée 2021, seules 18 sont dans un effectif à l’heure actuelle. 50% des joueuses draftées ne jouent donc pas en WNBA. En ce qui concerne les 18 chanceuses, la plupart n’ont qu’un temps de jeu famélique. La raison principale de tout cela, c’est, entre autre, la durée des saisons en WNBA. Les équipes doivent être prêtes rapidement et n’ont donc pas souvent le temps d’investir dans un écolage parfois nécessaire pour aider les joueuses à passer de la NCAAW à la WNBA.
Ce qui est arrivé récemment à la rookie australienne Shyla Heal est un exemple flagrant des problèmes que les jeunes pousses peuvent rencontrer à leur arrivée dans la ligue. La joueuse de 19 ans, professionnelle en WNBL depuis l’âge de 14 ans, a été draftée en 8ème position par le Chicago Sky. Une aubaine pour James Wade qui voyait en elle une doublure pour Courtney Vandersloot. Suite à des problèmes d’obtention de son Visa, Shyla Heal a malheureusement manqué tout le camp d’entrainement du Sky et s’est retrouvée propulsée dans une équipe en pleine tourmente suite aux blessures de Candace Parker et Allie Quigley. Après seulement 4 petits matchs, Heal a été brutalement envoyée à Dallas par Chicago. Immédiatement coupée par les Wings, elle a vu son rêve de WNBA se briser d’une façon nette et violente.
Dans un contexte d’une saison plus longue et avec moins de pression sur le Sky, Heal n’aurait sans doute jamais été coupée. Mais en WNBA, les rookies doivent faire des résultats et vite. La saison ne dure que 4 mois et donc, il faut des joueuses prêtes à l’emploi.
La NBA est, de ce côté, bien plus clémente avec ses jeunes joueurs. Et si certains ont besoin de temps de jeu pour progresser ou s’adapter, il existe toujours la G League. En WNBA, il y a la ligue… et le néant.
Un autre cas à déplorer est celui de Stephanie Watts. Invitée surprise de la draft en 10ème position grâce à l’étonnant Derek Fisher, elle a été envoyée à Chicago en échange de Gabby Williams. Coupée en même que Shyla Heal, le Sky aura donc eu le triste privilège de couper 2 joueuses draftée au 1er tour cette saison. On ne peut qu’imaginer la violence de ce qu’a vécu Stéphanie Watts, embarquée malgré elle dans des montagnes russes émotionnelles ces dernières semaines.
Pourtant, Chicago a aussi su miser sur les jeunes : une des seules satisfaction du club de l’Illinois cette saison est le très bon début de saison de Ruthy Hebard. Draftée en 8ème position l’année passée, sa saison rookie a été timide : 5.7 points et 3.9 rebonds de moyenne. On lui a malgré tout laissé le temps et accordé de la confiance. Cette saison, elle a doublé ses statistiques : 10.9 points et 7.7 rebonds. La différence ? L’année passée, le Sky n’était pas vu par de nombreuses spécialistes comme prétendant au titre. Cette année, c’était le cas : un cadeau empoisonné pour les jeunes joueuses du Sky.
Même les stars de la NCAAW n’ont pas le droit à l’erreur en WNBA. Lors des 3 derniers matchs du Liberty, Sabrina Ionescu a respectivement marqué 6, 5 et encore 5 points. Déjà, on a pu lire de ça et là des termes comme déception, limite etc. Si certaines joueuses fraichement arrivées parviennent à avoir un effet immédiat dans la ligue, il n’est pas anormal que d’autres aient besoin d’une acclimatation et ce d’autant plus que la pandémie a fortement perturbé les dernières saisons de ces joueuses, y compris en NCAAW.
S’il est parfois tentant de confier les clés de la boutique à des noms et des visages connus, il serait dommage que les General Manager de WNBA oublient que les futures stars de la ligue sont les jeunes joueuses d’aujourd’hui.
