Quand Kobe organisait un camp pour joueuses WNBA, quelques jours avant sa mort.

Traduction d’un article de Alex Schiffer : ‘He saw us as trailblazers’: Inside Kobe Bryant’s January camp with WNBA players – The Athletic – 15 avril 2020


Les messages commençaient à arriver les uns après les autres sur le téléphone de Chelsea Gray.

Le premier provenait de l’arrière des Las Vegas Aces Kayla McBride, qui lui disait que Kobe Bryant allait libérer une semaine pour travailler avec quelques joueuses WNBA et demandait si elle était intéressée.

Gray, meneuse des Los Angeles Sparks, venait juste de terminer de s’entrainer avec l’équipe nationale en ce début janvier et s’octroyait un de ses rares breaks avant de reprendre sa saison en Europe, mais “Kobe Bryant” était la seule chose qu’elle avait besoin d’entendre. Le message suivant provenait de son coach technique, Alex Bazzell, qui continuait l’effort de recrutement.

“Ca va être super d’y être.” lui écrivait Bazzell. “Kobe va se libérer pour vous, peu importe ce dont vous avez besoin ou ce que vous souhaitez.”

Mais Gray avait déjà pris sa décision. Elle était partante.

Deux semaines avant que Bryant, sa fille de 13 ans Gianna, et sept autres personnes ne meurent dans un crash d’hélicoptère en ce 26 janvier, Kobe était impliqué dans ce qui était devenu un de ses principaux points d’attention post-carrière : conseiller la prochaine génération de stars du basketball.

Après le succès de son mini-camp sur invitation pour joueurs NBA, tenu en Août, Bryant avait décidé d’organiser un événement similaire pour les joueuses WNBA après en avoir discuté avec McBride. Le camp allait avoir lieu du 13 au 15 janvier au sein de sa Mamba Sports Academy, chez lui à Thousand Oak, dans la banlieu de Los Angeles.

“Comment pourrait-on tenir un camp pour les hommes et ne pas le faire pour les femmes ?” disait-il à son équipe de la Mamba Academy l’automne, peu de temps après le camp NBA.

Bryant avait accueilli près de 20 joueurs à son mini-camp NBA et espérait avoir 10 joueuses pour son édition WNBA. Mais avec la plupart des joueuses impliquées dans une saison à l’étranger et les qualifications pour les jeux olympiques se tenant au même moment, l’équipe eut des difficultés à trouver le bon créneau dans le calendrier. Certaines invitées avaient un break dans leur saison à l’étranger et prirent l’avion pour Los Angeles juste pour assister au camp de Kobe.

© fiba.basketball

“C’est mon break de milieu de saison”, disait l’ailière des Mystics Aerial Powers, qui participait au camp. “Je voulais me relaxer, mais purée, qui d’autre a la chance de pouvoir travailler avec Kobe Bryant ? Bien sûr que je vais aller à ce camp.”

Les invitations furent envoyées aux joueuses via McBride, certains agents, entraineurs ou Kobe lui-même. Les sessions accueillirent un mix de stars de la ligue et de jeunes joueuses prometteuses : Powers et Gray, l’arrière des Dallas Wings Moriah Jefferson, et Liz Cambage, Sugar Rodgers et Kayla McBride des Aces.

Le format du camp était similaire au mini-camp NBA, c’est-à-dire pas de réseaux sociaux, pas d’accompagnant, pas de vidéo. Les membres des staffs d’équipes WNBA n’étaient pas autorisés à regarder. Bryant ne voulait aucune distraction.

Kobe avait demandé à son staff de traiter les joueuses WNBA de la même manière que l’avaient été les joueurs NBA, si pas mieux. Ils avaient spécialement engagé des coachs physiques spécialisés dans le sport féminin, des entraineurs pour le terrain, des vidéastes et photographes et chaque joueuse reçut un sac rempli d’équipement estampillé Mamba.

Chaque journée commençait de la même façon, avec un échauffement à la Mamba Academy avant que Kobe ne leur donne un cours complet sur la manière d’analyser de la vidéo. Bryant leur présentait des situations de match au tableau et bombardait les joueuses de questions sur ce qu’elle devait regarder pour chaque situation. Il leur expliquait comment il aurait lu une défense et étudié personnellement la situation avant d’élaborer un plan d’attaque.

Kobe a ainsi étudié religieusement de la video pendant les 20 années qu’ont duré sa carrière avec les Lakers et, une fois à la retraite, a lancé la série “Detail” sur ESPN, un show dans lequel il analysait en détail le jeu d’une star du jeu. A son camp, c’est ces méthodes qu’il leur expliquait en personne, leur vantant le pouvoir de l’analyse vidéo pour révéler les faiblesses et pouvoir ainsi développer une identité ofensive appropriée.

“Il s’agissait de trouver les petits détails pour être meilleur sur le terrain,” disait Gray. ‘Les petits détails font la différence. Comment être meilleur dans ces moments. N’importe qui peut tirer un shot en fadeaway, mais comment mettre ce shoot dans le 4e quart-temps, quand tout le monde sait que c’est vous qui allez prendre ce tir ? Ces petits détails sont ce qui le rendaient exceptionnels.

“En tant que professionnels, nous faisons les même choses encore et encore,” ajoutait McBride. “Il voulait que nous poussions ça au niveau supérieur.”

Quand il en avait fini avec le tableau blanc, Kobe et les joueuses passaient l’après-midi à appliquer les sessions vidéo sur le terrain. Bryant mettait les joueuses dans différentes situations. Pour certaines situations, Kobe lui-même se mettait en défense d’une certaine manière pour pousser les joueuses à s’en échapper via une des méthodes développées en séance théorique.

“Il nous montrait, nous explique Powers, “quand quelqu’un te pousse durement sur ton épule gauche, voici un petit dribble en Euro, un stepback, un hesi-stepback. Il nous montrait beaucoup de moves. “

Kobe n’avait pas adapté ses situations en fonction des positions. Il mit Cambage, la seule joueuse au poste du camp, en situation d’arrière pour travailler son ball-handling, ses hésitations et la marque de fabrique de Kobe, le shoot en fadeaway, juste comme toutes les autrs joueuses.

Que ce soit dans les mises en situation ou lors de pickup games, Kobe défendait sur les joueuses et n’hésitait pas à arrêter une action quand il souhaitait apprendre une technique ou un move relié à une situation discutée auparavant. Il encourageait les joueuses à tester ses propres moves sur lui.

“Qui a l’occasion de planter le fadeaway de Kobe sur la tête de Kobe ?” dit Powers.

Kobe avait une approche personnalisée pour chaque joueuse. Powers avait souffert d’une rupture du tendon d’Achille lors de sa première année à l’université de Michigan State, la même blessure que subit Kobe en 2013, et Cambage avait eu ses propres problèmes avec son tendon au fil des années. Il passa du temps en tête à tête avec chacune d’elle pour parler de ces situations.

“Il m’a pris à part et on a parlé de comment revenir mentalement de cette blessure et d’à quel point il est difficile d’en revenir.” nous dit Powers. “Vous ne pouvez plus marcher pendant 2 mois et vous devez réapprendre à marche.”

Une nouvelle majeure tomba au milieu de la deuxième journée de camp qui avait un impact majeur sur les joueuses : la WNBA et l’union des joueuses venaient de mettre la dernière main à un accord pour le nouveau collective bargaining agreement, pour les 8 prochaine années, qui permettait d’augmenter le salaire des joueuses du top de manière spectaculaire. Alors que les joueuses étaient en train de digérer la nouvelle, Kobe profita de l’excitation. Il arrêta l’entrainement et demanda à chaque joueuse de partager ce que ce nouveau CBA signifiait pour elle et le basketball féminin.

“Il a joué un rôlé très important pour Gianna, et je pense qu’il nous voyait comme des pionnières pour sa prochaine arrivée à elle,” nous dit Mc-Bride. “Le nouveau CBA avait une grande importance pour lui parce qu’il voulait que sa fille puisse avoir du succès et que la ligue ait du succès.”

Chaque joueuse retint quelque chose de différente du camp de Kobe, qu’elles espérent pouvoirr appliquer peu importe quand la saison reprendra. Jefferson a appris à bien diriger sa passe à son intérieure en situation de pick and roll. Gray reçut énormément de conseils de Kobe sur comment surpasser mentalement ses adversaires, un éléments qu’elle essaya d’appliquer dès son retour en Turquie.

Avant tout, la chance de pouvoir passer un peu de temps avec Kobe avant qu’il ne décède, et voir en direct à quel point il appréciait leur jeu, représentait beaucoup pour elles. Beaucoup de joueuses disent qu’elles sont habituées à ce qu’on les compare à des hommes ; Kobe, les voyait uniquement comme des joueuses de basket.

“Il voulait juste le meilleur pour le jeu,” nous dit Cambage. “Il ne nous voyait pas comme des garçons ou des fille mais seulement comme des Baller.”

A la fin de ce camp de Janvier, Kobe invita les joueuses pour une deuxième expérience en Avril afin de préparer la saison WNBA. Mais il s’agissait en fait de la dernière occasion qu’elles auraient de le voir.

McBride était avec Team USA dans le Connecticut lorsqu’elle apprit la mort de Kobe et appela directement Jefferson, sa meileure amie qui avait gradi avec Kobe comme idole. McBride nous disait que la mort de Kobe était dure à accepter parce qu’elle avait vu de près à quel point son travail était bénéfique pour toutes les personnes impliquées.

“On a juste passé du temps avec lui,” nous disait McBride. “C’est dur de mettre des mots. Vous voyez la lumière qu’ils essayaient de mettre sur le monde et c’est juste un sentiment très sombre. C’était très difficile. En tant que joueur ou joueuse, il est ce que tout le monde souhaite être. J’ai été honorée de pouvoir bénéficier de ces beaux moment avec lui. Il avait encore tellement de chose à apporter au monde.”

Malgré le départ de Kobe, une source proche des organisateurs du camp dit que le but est de faire cet événement un rendez-vous annuel. McBride sit qu’elle souhaite aider à organiser les camps futurs. Kobe approuverait.

Pendant qu’elle jouait à l’étranger, Cambage a commencé à entendre la voix de Kobe lui indiquant comment respirer. Jefferson avait échangé par messages 2 jours avant l’accident et a beaucoup pensé à ses enseignement dan les semaines qui ont suivi.

Gray a aussi reçu un message de Kobe lui disant de venir travailler un peu avec lui quand elle en aurait fini de ses obligations avec Team USA. Elle regarde souvent ce message..

“C’est comme un bien précieux,” nous dit Gray. J’espère ne jamais perdre ce téléphone.”

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