Cher Oregon Basketball

Ça a été une année de folie.

Dès que j’ai annoncé que je revenais pour une dernière année, je savais que plus rien ne serait sans doute plus jamais « normal ». Je savais qu’on ne serait pas des outsiders cette saison… et qu’on serait peut-être même considérées comme des favorites. Je savais que nous aurions de la pression sur nos épaules dès le premier jour, et que nos adversaires chercheraient à nous faire tomber à chaque match. Je savais qu’on attendrait beaucoup de nous — de ne pas être simplement fortes, mais excellentes.

Et au début, je vais être honnête, ça m’a fait peur.

Ca ne ressemblait à rien de ce que j’avais pu vivre auparavant.

Mais par la suite, deux choses m’ont convaincue que tout irait bien. La première fut la réaction de mes coéquipières quand je leur ai annoncé la nouvelle. Beaucoup de personnes extérieures à l’équipe étaient surprises que je reste. Mais mes coéquipières ? Non, pas du tout. C’est très drôle — c’est comme si elles saviez déjà. Il y avait beaucoup d’enthousiasme dans notre conversation de groupe, beaucoup de « LET’S GOOOOOOOO!!! » et de « ON VA LE FAIRE!!! ». Mais elles n’étaient pas surprises du tout. Et je pense que rien que ça, ça prouve à quel point nous étions toutes sur la même longueur d’onde. On est plus que des coéquipières — on est plutôt des sœurs. On est une famille. Et nul ne vous connaît aussi bien que votre famille.

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Ensuite, la deuxième chose qui m’a confirmée dans l’idée que j’avais pris la bonne décision s’est produite quelques jours plus tard quand j’étais à Los Angeles pour la présentation du prix Wooden. Pendant mon séjour, Kobe m’avait invitée à passer à son centre d’entraînement et à jouer le rôle d’assistante coach pour les filles de son équipe. Et s’il y a bien une chose de certaine au sujet de Kobe, c’est qu’il ne ment pas. Donc je savais que s’il pensait que j’aurais mieux fait de me présenter à la Draft, il me l’aurait dit. Avec bienveillance, bien sûr, mais il me l’aurait dit. Et une des premières choses qu’il m’ait dites quand j’ai passé la porte — enfin, il n’a pas vraiment dit quoi que ce soit —, mais plutôt… il s’est contenté de me sourire et d’acquiescer de la tête. Vous voyez ce que je veux dire ? C’était notre langage secret. Il m’a souri, et il a acquiescé. C’était sa façon à lui de me dire qu’il pensait que j’avais pris la bonne décision.

Et je pense que la raison pour laquelle Kobe pensait une j’avais pris la bonne décision, c’est à relier avec ce que je disais plus tôt, au sujet des choses qui ne seraient plus jamais « normales ». Pour la plupart des gens, le fait que rien ne soit plus « normal » pour nous cette année était quelque chose de négatif. Mais Kobe ? Il considérait plutôt ça comme une bénédiction. Il considérait la pression à laquelle nous devrions faire face cette année comme un privilège. Un défi à relever. Et le fait que ça m’ait fait peur au départ ? Il voyait ça comme une opportunité à saisir. Surmonter sa peur pour apprendre quelque chose de nouveau sur soi — c’est l’essence de la Mamba Mentality. Et je l’ai pleinement acceptée.

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Beaucoup de personnes pensent que l’important pour nous cette saison, c’était simplement la destination finale. UN TITRE OU RIEN, ou quelque chose du genre. Et ces gens n’ont pas tort, d’une certaine façon. On s’est lancées dans cette saison avec des buts très ambitieux, c’est sûr, et on va faire tout ce qui est en notre pouvoir pour accomplir ces objectifs. Mais en vérité, il n’y a pas que les résultats qui comptaient cette saison. Ce qui comptait, c’était d’atteindre le point culminant d’un processus ayant débuté il y a quatre ans, c’était d’établir l’équipe féminine de basket des Ducks comme une vraie puissance du Pac-12. C’était de continuer à construire ce programme, pas uniquement pour nous, mais aussi pour qu’une fois que nous serions parties, les futures équipes de Lady Ducks aient la possibilité de gagner des titres ici. Il y a eu des moments qui ont compté — de grands moments : créer la surprise face à Team USA…. enfin gagner face à UConn… et balayer Oregon State. Mais aussi de petits moments, ces moments d’entre-deux, comme les dîners d’équipe, les voyages.. et les conversations de groupes grotesques qui ne prennent jamais fin…

Et ce qui fut le plus important, ce fut les gens. Il y a tellement de personnes que je souhaite remercier.

Je veux remercier ma famille, et en particulier mes parents, avant quiconque — parce que je ne sais tout simplement pas comment je pourrais être dans la position où je me trouve aujourd’hui sans eux. Et je ne parle pas là de ce que font tous les parents. Je parle de leur capacité à toujours être là pour moi, et à toujours en faire autant qu’ils le peuvent. Il y a eu tellement de week-ends où ils ont fait la route de Walnut Creek à Eugene pour me voir jouer, avant de devoir retourner au travail dès le lundi matin, puis de tout recommencer le week-end suivant. Maman, Papa, j’ai toujours ressenti votre amour et votre soutien. Et je veux que vous sachiez que je ne l’ai jamais considéré comme allant de soi.

Je veux remercier mes frères, Eddy et Andrei, pour m’avoir poussée à être la meilleure — et pour ne pas m’avoir laissée me reposer sur mes acquis. Je veux remercier l’Université de l’Oregon pour l’éducation incroyable qu’elle m’a transmise. Non seulement ma licence, dont je suis très fière, mais également mon Master d’ « Advertising and Brand Responsibility. » Une de mes expériences préférées ces dernières années n’a même pas eu lieu sur un terrain — ce fut d’aller au quartier général de Nike dans le cadre d’un projet de groupe, et d’avoir l’opportunité de défendre une idée sur la manière de créer des opportunités similaires pour les jeunes filles et les jeunes garçons dans le basket. C’est un projet sur lequel j’aimerais continuer à travailler.

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J’aimerais remercier l’ensemble du département sportif d’Oregon, l’ensemble de nos coachs et de nos entraîneurs — et en particulier Coach Graves. « Quatre sur quatre »… ça a été notre devise dès le départ. D’une façon ou d’une autre, nous allions aller jusqu’au Final Four quatre années à la suite. Et je vais être honnête : quand j’ai entendu Coach Graves dire ça pour la première fois, je ne voyais pas vraiment comment on pourrait y arriver. Je ne peux pas dire que j’avais une grande confiance en nos chances. Mais s’il y a bien une chose sur laquelle je n’ai pas eu de doutes, dès le départ, c’est sur le fait que Coach était quelqu’un à qui je pouvais faire confiance. C’était quelqu’un à qui je pouvais tout simplement accorder ma confiance, quelqu’un que je pouvais suivre, et de qui je pouvais accepter une devise comme « quatre sur quatre » sur parole.

(Et maintenant, je peux faire semblant d’y avoir cru dès le départ).

Je veux remercier mes coéquipières… les meilleures coéquipières au monde. Ça vaut pour l’équipe incroyable de cette année », mais aussi pour toutes les femmes incroyables qui nous ont pavé la voie les années précédentes. Nous faisons toutes partie de la même histoire — et je suis tellement fière de partager cette histoire avec vous.

Et enfin pour finir — mais c’est le plus important —, j’aimerais remercier la Ducks Nation.

Il y a quelques temps, on m’a demandé quel conseil je donnerais à mon moi d’il y à quatre ans, si je pouvais remonter dans le temps et lui parler en tant que la Sabrina de vingt-deux ans que je suis aujourd’hui. Et je pense que la chose la plus importante que je lui dirais ? C’est à rapprocher de ce que je disais au début, sur le fait d’être « normale ». Je pense que quand on est jeune en particulier, on accorde trop d’importance à cette idée d’être « normale ». On a l’impression qu’être autre chose que normale est une mauvaise chose, quelque chose à éviter ou contre laquelle il faut chercher à se prémunir. Et quand je suis arrivée ici, en tant que première année, je pense qu’une partie de moi s’accrochait encore à cette idée. Et quand je pense sincèrement à ce que sur quoi cette université, cette ville, mes coéquipières, mes coachs, et l’ensemble de la Ducks Nation m’ont le plus aidée ces dernières années, je pense que ce fut à m’aider à découvrir qui je suis — et à ne pas m’en cacher. Ne pas cacher celle que je suis. Être fière de celle que je suis.

Et la personne que je suis, je m’en suis rendue compte, c’est quelqu’un qui aime le basket de tout son coeur. Quelqu’un qui a une obsession pour le basket, qui est folle de ça, et qui n’en a jamais marre. En d’autres termes, j’ai pris conscience du fait que j’étais une femme souhaitant faire du basket le centre de ma vie professionnelle. Et pas simplement du fait de jouer basket, mais du fait d’accomplir des choses extraordinaires dans le basket. Pour beaucoup de gens, ce n’est sans doute pas « normal ». Mais vous tous ici, vous m’avez donné l’opportunité de chercher à faire des choses extraordinaires dès le premier jour. Vous m’avez laissée être aussi folle de basket que je le souhaitais. Et jamais vous ne m’avez donné l’impression d’être ne serait-ce qu’un petit peu bizarre. Vous m’avez donné l’impression d’être tout simplement… moi, de la meilleure des façons possibles. Pendant quatre ans, vous avez tous été aussi fous que moi, et vous m’avez donné l’impression d’appartenir à un groupe.

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Vous avez réussi à me donner l’impression de n’avoir pas seulement trouvé ma passion à Oregon, mais d’y avoir aussi trouvé les gens qui me correspondent.

Et en ce qui concerne cette saison en particulier…… comme je l’ai dit, ça a été une année folle. Ça a été une année dont je me souviendrai toujours, mais j’en garderai aussi un souvenir un peu amer. Car d’un côté, je suis assise à vous écrire cette lettre, Ducks Nation, et je suis fière de tout ce que nous avons accompli ensemble… Je suis tellement fière de la manière dont nous avons répondu aux attentes qui pesaient sur nous, de la manière dont nous nous sommes battues pour essayer de décrocher un autre titre de championnes du Pac-12, et — même avec toute cette pression — de la manière dont nous sommes restées tout en haut des classements tout au long de la saison. Je suis fière de la manière dont nous avons réussi à nous mettre dans la position parfaite pour aller chercher notre deuxième Final Four à la suite, et plus encore.

Je suis tellement fière de la manière dont nous avons fait gagner ce programme en notoriété, et ce de façon durable. Mais d’un autre côté, je ne peux pas vous dire à quel point je suis triste de savoir que je vais franchir le prochain pas de ma carrière de basketteuse, et chacun des pas qui suivront ensuite, sans un de mes plus grands modèles, et sans le mentor qui comprenait le plus précisément ce en quoi consistait l’ensemble du processus dans lequel je me suis lancée.

Quand j’ai appris la nouvelle du crash de Kobe pour la première fois, il fut difficile de ne pas commencer à tout remettre en question. Je me demandais simplement, COMMENT? Comment est-ce que ce père et mari incroyable pouvait-il être retiré au monde ? Comment est-ce que quelqu’un d’aussi plein de vie que Gianna pouvait-elle être retirée au monde avant même d’avoir eu la chance de VIVRE sa vie ? Comment est-ce que neuf personnes pouvaient-elles être arrachées à leurs proches — juste comme ça, en une seconde ? Comment pourrions-nous tous vivre dans un monde sans Kobe Bryant ? Comment avais-je pu perdre mon ami ?

La mort de Kobe m’a aussi poussée à me poser des questions sur ma propre avancée. Qu’étais-je censée faire à présent sans sa présence ? Sans son expérience ? Vers qui me tournerais-je pour obtenir des conseils ? Et en plus de tout cela, je me posais également des questions plus « graves », vous voyez ?? Du genre : comment l’univers avait-il pu me laisser rencontrer une personne comme Kobe, quelqu’un qui me comprenait si bien — peut-être la première personne dans ma vie qui me comprenait véritablement en ce qui concerne le basket — pour ensuite l’arracher à ma vie moins d’un an après ?! Et pourquoi ?! Ça me semblait tout simplement cruel. Et c’est toujours le cas.

Mais quand j’ai commencé à faire mon deuil, je me suis mise à comprendre que, même si ce fut seulement pour cette courte période de temps?? Que nos chemins, à Kobe et à moi, se sont croisés pour une raison. Pas simplement en raison de la manière dont il m’a appris à devenir une coéquipière plus intelligente, une compétitrice plus féroce, et une travailleuse plus acharnée. Pas simplement en raison du potentiel qu’il voyait en moi — en tant que joueuse, en tant que leader, et en tant que personne. Je pense que mon chemin a croisé celui de Kobe pour une raison plus importante.

Kobe avait toujours en tête une vision plus globale.

C’était clair dans tout ce qu’il faisait dans sa vie — mais pour moi, c’était particulièrement clair dans la manière dont il percevait et traitait le basket féminin. Pour lui, développer le basket féminin aux côtés de ses filles n’était ni un hobby, ni un projet sur le côté, ni une oeuvre de charité. Il voyait ça comme un mouvement. Et il ne s’est pas impliqué dans notre sport simplement parce qu’il voulait observer ce mouvement. Il s’est impliqué car il voulait y prendre part.

Et ce que j’ai toujours adoré au sujet de Kobe, et c’est une des choses pour lesquelles j’espère que les gens se souviendront de lui. Il ne prêtait pas d’importance à votre âge, votre genre, ou l’endroit d’où vous veniez… ou quoi que ce soit de cet ordre. Même votre talent, quand on y pense, ce n’est pas ce que Kobe était là pour juger. Tout ce qui était important pour lui, c’était votre amour pour le sport. C’était le test que vous aviez à passer avec Kobe. Pouviez vous être aussi passionné que lui quand il s’agissait de basket. Si c’était le cas, vous aviez gagné son respect.

Donc, d’une façon assez étrange, aussi difficile qu’il soit d’exprimer tout ça, là tout de suite, je pense qu’il est logique que je remercie l’université qui m’a tant donné, en même temps que je déplore la perte du mentor qui m’a aussi tant donné.

Parce que quand je regarde en arrière et repense à la personne que j’étais, avant d’arriver à Eugene il y a quatre ans…. et quand je vois la personne que je suis maintenant, se préparant à conclure ma carrière en tant que Duck et à faire la transition vers la prochaine phase de ma vie… tout ce à quoi je peux penser, c’est à quel point je suis à nouveau reconnaissante envers toutes les personnes qui m’ont aidée à rendre ce processus possible. Tous les membres du programme des Ducks, toutes les personnes, Coach le premier, qui n’ont eu de cesse de répéter « quatre sur quatre » jusqu’à ce que l’ensemble de l’équipe y croie — et que le monde entier voit la prophétie se réaliser. Toutes les personnes qui m’ont aidée en classe, ou qui ont acheté un billet pour venir voir un match, ou qui ont été gentilles avec moi sur le campus et m’ont ainsi donné l’impression d’y être un peu plus chez moi.

Toutes les personnes qui ont cru en moi, et qui ont instillé en moi l’idée que je pouvais atteindre plus qu’une simple « Mamba Mentality pour les filles », — que je pouvais avoir la Mamba Mentality, tout simplement.

Merci.

Merci d’avoir permis à cette native de Californie de devenir une orégonienne pour la vie.

Merci d’avoir donné à cette fille un peu bizarre la possibilité de cultiver sa passion, de se découvrir, — et ensuite de devenir la meilleure version possible d’elle-même.

Merci, vraiment, pour tout.

Maintenant, terminons cette saison de la bonne façon.

Allons terminer ce que nous avons commencé.

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