Maintenir une série de victoires peut être épuisant mentalement et physiquement. Vous devenez l’équipe à abattre. Beaucoup de grandes équipes dans l’histoire du basket ont évoqué cette fatigue psychologique et la difficulté de reproduire tous les soirs ces efforts pour entrer dans la légende et marquer les esprits. Ça ne fait “que” 8 matchs, mais c’est fou à quel point tout clique pour le Seattle Storm, qui s’affranchit de toutes les difficultés et semble devenir de plus en plus fort au fil des jours.
La nuit dernière, on pouvait penser qu’une équipe sur une aussi bonne dynamique que l’était le Connecticut Sun pourrait sortir un peu les championnes 2018 de leur zone de confort. Il n’en a rien été. Seattle joue un basket quasi parfait où tout le monde est impliqué et qui réduit à néant les espoirs offensifs et défensifs de l’opposition. Le Sun a vécu ce même sentiment d’impuissance dimanche.
Le Storm a dominé de la tête et des épaules et est ressorti du parquet de Bradenton avec le sourire et un nouveau succès en poche. La précision des attaques a été chirurgicale (56.9% d’adresse globale, 56.5% à 3 points à 13/23), le ballon a été partagé (cinq joueuses entre 11 et 19 points) et l’adversaire à nouveau annihilé grâce à un effort défensif collectif exceptionnel (36.4% d’adresse). Connecticut est parvenu à rester sous les 10 points de retard à la pause, mais ce n’était que pour mieux prendre l’eau derrière, sous les coups de Breanna Stewart (19 points), Sue Bird (13 pts) – à qui ce repos sur quelques matchs a fait le plus grand bien – ou de celle qui se positionne soir après soir comme une possible 6e femme de l’année, Sami Whitcomb.
L’internationale australienne a incarné l’insouciance et la réussite de cette équipe en rentrant un tir à 3 points depuis le parking au buzzer du 3e quart-temps pour donner 15 points d’avance au Storm. Typiquement le genre d’actions qui achèvent mentalement des adversaires qui y croiraient encore un tant soit peu…
Après ça, Curt Miller a compris qu’il ne serait pas le premier à freiner cette équipe depuis la défaite du premier soir contre Washington. Le coach du Sun a fait tourner et laissé la plupart de ses cadres sur le banc. DeWanna Bonner et Alyssa Thomas, muselées et maladroites (6/20 à elles deux) ont joué plus de minutes que n’importe quel tandem en WNBA cette saison et souffler un peu semblait inévitable. Miller peut retenir que Jasmine Thomas est bien de retour au niveau qui était le sien (17 points à 8/13), mais c’est quasiment sa seule satisfaction du soir.
Pour en revenir au Storm, qui n’a pas baissé de pied pendant ce petit garbage time, un autre paramètre a de quoi faire trembler les équipes qui prétendent aussi à la couronne. Jusqu’ici, Natasha Howard n’avait pas vraiment l’air d’avoir lancé sa saison. L’intérieure de Seattle n’en avait pas particulièrement besoin vu les résultats de son équipe. Mais voilà que celle qui a tenu le fort l’an dernier en l’absence de Stewart et Bird a maintenant envie de participer à la fête. Contre le Sun, on a retrouvé une Howard capable de démoraliser l’opposition par sa défense de fer (le Sun n’a pas existé à l’intérieur et c’est en partie grâce à elle) et d’apporter son écot de l’autre côté du terrain (12 points, 11 rebonds, 3 interceptions et 2 contres).
Après ce joli grand 8, on peut légitimement qui parviendra à stopper le Seattle Storm. En jetant un coup d’oeil rapide au calendrier, on s’aperçoit que cette série a des chances de durer encore un peu… Les joueuses de Dan Hughes, qui a de quoi être fier depuis son canapé, affrontent New York dans 48 heures, puis Indiana. Deux rencontres au cours desquelles on ne les imagine pas mordre la poussière. Le vrai danger, si toutefois il en existe un pour le Storm, se présentera dans la nuit de jeudi à vendredi lors du choc avec la seule équipe qui donne l’impression d’être assez régulière et cohérente pour faire un peu couiner la machine : les Las Vegas Aces. Si vous ne devez regarder qu’un match cette semaine, il y a quand même des chances que ce soit celui-là !
