Depuis la reprise, on a l’impression d’annoncer un soir sur deux que l’on vient de voir le plus beau match de la saison. Difficile de ne pas ressortir de ce Seattle-Connecticut, achevé sur une victoire des championnes en titre (90-87 après prolongation) avec le même sentiment.
On ne sera évidemment pas surpris de voir ces deux équipes-là très, très tard dans la saison, tant elles ont déjà été capables de se livrer une bataille digne d’une série de playoffs. Qu’importent les absences et les départs de part et d’autre, il y a chez le Storm et le Sun une sorte de garantie liée à l’ADN de leurs joueuses majeures. Pour Seattle, Sue Bird et Breanna Stewart incarnent à merveille le sang froid et la fatalité qui créent le désespoir dans les rangs adverses.
L’inoxydable Tata Suzanne et Stewie ont été clutch en prolongation pour mettre un terme à l’invincibilité de Connecticut, qui restait sur 5 victoires en autant de matchs. La première en sanctionnant par deux fois à 3 points la fatigue et le léger manque de respect adverse. On ne laisse pas Sue seule dans un coin. Sinon, on le paye. Bird a été la joueuse la plus prolifique du Storm (21 points), donnant le ton durant l’overtime pour inciter Stewart (17 points) à frapper elle aussi from downtown. Malgré cette petite avalanche, le Sun ne s’est pas renié et s’est battu jusqu’au bout en dépit de l’épuisement de certaines, comme Jasmine Thomas, peu inspirée sur les deux dernières possessions de la rencontre, notamment une qui aurait pu permettre à Connecticut de provoquer une deuxième prolongation.
Si les joueuses de Curt Miller, suspendu pour les raisons que l’on connaît, ont autant inquiété Seattle, c’est une nouvelle fois grâce à Jonquel Jones. Après un premier acte relativement discret, la “Bahamian Beast” s’est réveillée pour faire cauchemarder la raquette adverse, notamment Mercedes Russell, titulaire pour la première fois de la saison. “JJ”, fraîchement élue joueuse de la semaine 2 par nos soins, a contribué à décrocher la prolongation sur un tir à 3 points et bouclé la rencontre en rendant une copie gourmande (28 points, 13 rebonds, 3 passes, 2 interceptions, 2 contres). Jones confirme match après match qu’elle ne sera pas bien loin du compte en fin de saison dans la course au titre de MVP. Sur cette rencontre spécifiquement, son talent n’a pas suffi, mais ce n’est que partie remise.
L’efficacité diabolique du Storm à 3 points (47%) et la multiplicité de ses armes offensives (Jewell Loyd a accéléré aussi après le repos et a inscrit 19 points, 8 rebonds et 5 passes) font que cette équipe a une marge d’avance sur la majeure partie de la concurrence. Quand une joueuse du calibre de Breanna Stewart met un peu de temps à se mettre en route, Sue Bird hausse immédiatement le ton en transpirant la classe et la justesse. Si c’est Bird qui est un peu moins bien, Jewell Loyd ou Jordin Canada activent à leur tour un mode qui les fait passer instantanément à un niveau All-Star. Dan Hughes, absent en raison d’un heureux événement familial, sait qu’il a encore du temps pour régler les quelques errements défensifs entrevus jusque-là. Le reste coule de source.
Pour le Sun, on ne peut qu’espérer que les mauvaises nouvelles cessent de voler en escadrilles. Déjà obligé de se passer de Briann January, blessée à la cheville, Connecticut a perdu cette nuit Natisha Hiedeman, excellente depuis le début de la saison, en fin de match, visiblement touchée au mollet. Voir cette équipe aussi admirable être constamment freinée par les blessures et les indisponibilités est particulièrement frustrant.
