Lors du live Instagram –enfin du marathon de 4 heures dont on vous avait proposé le best of – partagé avec Sue Bird, Penny Taylor et Megan Rapinoe en mai dernier, Diana Taurasi avait raconté une petite anecdote savoureuse sur sa première rencontre avec Michael Jordan. Le tout en trinquant avec son petit verre de rouge, on n’est pas des chiens non plus…

Nous sommes en 1999 à Santa Barbara en Californie, non loin de Chino, le fief de DT. Cette dernière, âgée alors de 17 ans, participe à un Summer Camp organisé par His Airness. Comme vous pouvez vous en douter, Taurasi est déjà une tueuse et, tout simplement, la meilleure joueuse de lycée du pays. UConn et son gourou Geno Auriemma se sont déjà assurés que la jeune arrière et son visage plus joufflu qu’aujourd’hui viendraient régaler les fans des Huskies un an plus tard.

Le dernier jour du camp, comme il est souvent coutume de le faire, on organise des petits concours avec des cadeaux à la clé. Diana est donc en lice pour gagner une paire de Jordan lors d’un tour du monde, ce jeu que les basketteurs de tous les niveaux connaissent. Sauf que là où l’amateur lambda va prendre ses shoots devant ses amis, Diana Taurasi doit le faire devant le meilleur joueur de tous les temps, sacré champion NBA pour la 6e fois un an plus tôt. Pas tout à fait la même pression…

Tout commence bien pour DT. Elle marque dans toutes les positions comme une machine et en met plein la vue des observateurs du camp, MJ compris. Il ne lui reste donc plus que les lancers pour s’assurer le gain de sneakers qui, comme elle le raconte dans cette discussion avec Bird, étaient des pièces assez rares qu’elle n’avait absolument pas les moyens de s’offrir… Dans sa tête, c’est gagné. Si elle n’a que 17 ans, la future superstar du Phoenix Mercury est déjà très à l’aise sur la ligne en temps normal. On parle d’une joueuse qui, à UConn, tournera à 82% d’adresse dans l’exercice pendant son cursus. En WNBA ? C’est encore plus solide. Taurasi est à 86.9% en carrière, avec quatre dernières saisons au-dessus des 90%.

Mais là, c’est le drame. Le ballon et l’arceau sont contrariants et elle finit par échouer. Les Jordan gratuites s’envolent. Elle se dit que, pour l’effort, on lui donnera un petit quelque chose. Le seul accès d’empathie de la part de Michael Jordan ? Un “Nice try” (bien essayé en VF). La blessure au niveau de l’ego est là, béante. Mais the show must go on, comme on dit. Diana Taurasi a une carrière à lancer.

L’année suivante, Diana est de retour au summer camp, mais en temps que consultante cette fois. Elle sort en effet de sa première année à UConn et tout le monde parle déjà d’elle comme d’une future superstar. Michael Jordan la voit donc arriver toute souriante. La félicite-t-il ? Lui parle-t-il de la demi-finale du Tournoi NCAA perdue face à Notre Dame ? Non. MJ lui sort un laconique et saignant : “Comment vont tes lancers francs ?”.

Cassé, plié, circulez, y a rien à voir. Diana répond quand même : “Je crois que ça va”. Et effectivement, ça va aller et c’est un euphémisme.

Forte de ce petit échange avec le GOAT, qui avait bien dû sentir que la fille qu’il avait face à elle ne répondait pas aux mêmes codes que le commun des mortels sur un terrain de basket, Diana Taurasi a pu commencer sa razzia : trois titres consécutifs en NCAA avec Connecticut, trois titres en WNBA avec Phoenix, quatre médailles d’or olympiques et un statut, pour beaucoup, de meilleure joueuse de tous les temps.

Et voilà, mes amis, ce qu’une discussion a priori anodine entre icônes du basket peut entraîner.