Maya Moore

Championne olympique, championne du monde, championne NCAA, championne d’Euroleague, championne WNBA, All Star, MVP du All Star game, MVP de saison régulière, Finals MVP — c’est simple, il ne manque tout simplement aucune accolade au palmarès de Maya Moore. En sept années de carrière professionnelle seulement, Maya a réalisé l’exploit d’engranger tous les succès possibles et imaginables, bien plus que la plupart des joueuses — y compris les meilleures — ne peuvent sans doute l’espérer pour l’ensemble de leur carrière.

Something Mo(o)re. The beginning stages

C’est à Jefferson City, dans le Missouri, que naît Maya Moore, le 11 juin 1989. Peut-être ne faut-il pas considérer comme un hasard que ce soit dans une ville nommée en hommage à une des figures de proue de la Déclaration d’Indépendance que Maya ait vu le jour, quand on connait la force des idéaux de justice qui l’animent. Mais loin des grands combats, l’enfance de Maya, vécue aux côtés d’une mère qui l’élève seule, est d’abord celle d’une enfant comme les autres, à l’exception près qu’elle se révèle rapidement en tant qu’athlète de haut vol. Dès ses années au Collins Hill High School, Maya est un phénomène. Sur les pistes d’athlétisme comme sur les terrains de basket, elle se distingue par son aisance naturelle et… sa capacité à gagner. Sur 128 matchs joués dans sa carrière de lycéenne, Maya en gagne 123 et n’en perd que 5 — un ratio fou qu’elle continuera à préserver tout au long de sa carrière, jusqu’à atteindre un bilan de 497 victoires pour 78 défaites à la fin de la saison WNBA 2017. Vous l’aurez compris, il n’y avait aucun doute quant au fait que Maya — cette jeune femme “d’à peine” 1m85, capable de dunker à une main dès l’âge de seize ans — finirait un jour chez les pros, même si à ce stade, de nombreuses étapes devaient encore être franchies. La première d’entre elles ? L’université. 

Give us Mo(o)re. Les années universitaires

Il existe une règle admise d’à peu près tous dans le monde du basket féminin, ou du moins du recrutement universitaire. Comme toute règle, elle connait bien sûr des exceptions (Candace, Tamika, A’ja, Sabrina, je ne vous oublie pas), mais en voici l’essence : “le principe du recrutement est simple : tous les coachs cherchent à obtenir les meilleures joueuses, et à la fin, c’est Geno Auriemma qui gagne.”

Crédit photo : @Cl0_11

Vous l’aurez compris, comme nombre de ses aînées, Maya choisit de rejoindre la mythique université du Connecticut pour poursuivre sa carrière. À UConn, Maya ne cesse pas de cultiver son ADN de la gagne. À deux reprises, en 2009 et en 2010, elle mène son équipe jusqu’au graal en décrochant le titre de Championne NCAA, au terme de deux saisons sans aucune défaite concédée avec un bilan parfait de 39-0.

Tout ce que Maya fait, elle le réussit, au point même d’irriter gentiment son entraîneur, le mythique Geno Auriemma. Dans la vidéo ci-dessous, vous le voyez procéder à une imitation hilarante de Maya quelques années après son départ du Connecticut. 

“Elle va venir par ici pour essayer de faire un écran, puis elle va se rendre compte qu’il n’y a personne sur qui poser d’écran. Alors elle va aller de ce côté en se disant que peut-être quelqu’un va couper ; puis elle se rend compte qu’il n’y a personne pour lui poser un écran non plus. Alors elle se dit “et si je traversais la raquette et j’allais voir ce qu’il se passe là-bas ? Mince, je suis au mauvais endroit.” Alors elle va courir jusqu’à un endroit au hasard ; puis elle reçoit le ballon, et elle marque. Et le commentateur ne va pas hésiter à dire “Regardez son jeu sans ballon ! C’est une des joueuses avec le plus haut QI basket depuis longtemps.”

The Mo(ore) the merrier ? Direction Minnesota

« The more the merrier » — plus on est de fous, plus on rit, dit l’expression. Mais nul doute quant au fait qu’à Minny, l’arrivée de Maya Moore fut une source de joie immense. Quelques jours seulement après avoir clôturé le chapitre de ses années universitaires, Maya est choisie en première position par une équipe des Lynx en reconstruction où Cheryl Reeve n’a posé ses valises que depuis un an. Vous commencez sans doute à comprendre le principe : partout où elle va, Maya gagne. Et elle ne déroge pas à la règle en arrivant chez les Lynx. Dès sa première année, elle récolte une pluie de récompenses, individuelles comme collectives. Sélectionnée pour participer au All-Star Game, elle décroche également le titre de Rookie of the Year et le titre de championne… Un départ à son image.

En à peine 6 ans, Maya devient la pierre angulaire de la dynastie des Lynx, qui d’équipe sans le moindre titre avant l’arrivée de Cheryl Reeve devient le deuxième club le plus titré de l’histoire après les Comets (et maintenant le Storm). La formule Maya est aux antipodes du “less is more”, mantra qui érige le principe d’économie de moyens en synonyme d’efficacité. Mais avec Maya, la règle semble perdre de son acuité, de sa véracité, puisque la jeune joueuse maîtrise l’art de tout cultiver. Sur un terrain, elle est l’exact opposé de cet adage : défense, impact physique, adresse, Maya fait tout et tout lui réussit : More is Moore. Diana Taurasi le résume éloquemment : 

“Je ne suis jamais allée à la guerre, mais jouer contre Maya, c’est comme être victime d’un siège. Les attaques arrivent de tous les côtés, et tu te demandes justes “Quant est-ce que ça va s’arrêter ?” Elle a tout simplement tout, au plus haut niveau. Je veux tout ça : le tir à trois points, le jeu dans la raquette, les mains, la force physique, tout. Je prends tout, Maya, désolée. Et il lui restera encore plein de choses.”

14:32-15:11.

En six ans, l’Armada Maya a donc tout raflé sur son passage. En plus de ses titres en WNBA, la native du Missouri est également devenue double championne du monde (2010, 2014) et double championne olympique (2012, 2016). Ses passages vers l’Europe se sont révélés tout aussi fructueux : à la clef, deux titres de championne d’Euroleague. 

Mo(o)re than an athlete (Maya et Jonathan Irons)

Pourtant, en dépit de tous ces succès, Maya fait une annonce qui surprend l’ensemble du monde du basket à la fin de la saison 2018. Après une longue correspondance avec Jonathan Irons, un détenu de la prison de Jefferson City injustement condamné, Maya annonce qu’elle décide de faire l’impasse sur la saison à venir pour défendre les droits de celui qui est devenu son ami et qui, quelques années plus tard, deviendra même son mari. Après des mois et des mois de lutte, Maya ajoute une nouvelle victoire à son CV sans fin. En dépit de ce succès, Maya n’a pas repris le chemin des terrains, et sa participation à la saison 2021 semble aujourd’hui peu probable. Pour avoir goûté à la lutte en dehors des terrains — pour la justice et les droits fondamentaux —, Maya sait qu’il est des combats tout aussi importants que ceux qui mettent en jeu un titre de championne ou de MVP. Quant à son avenir sur les terrains, nul ne peut aujourd’hui se prononcer sur ce à quoi il ressemblera.

Maya… no Mo(o)re ?

Comme Rimbaud qui, à dix neuf-ans seulement, après avoir offert au monde quelques-uns de ses plus beaux poèmes, met un coup d’arrêt brutal à ses activités de poète, Maya Moore a mis sa carrière en suspens alors même qu’elle était au sommet de son art. À jamais vivant en dépit de sa trajectoire avortée, le mythe rimbaldien, emblème du génie précoce et de la jeunesse à jamais célébrée, fascine aujourd’hui encore autant qu’il n’interroge. 

Il aura suffit de 5 années de poésie pour que Rimbaud retourne l’ordre de la parole poétique ; les sept années de carrière de Maya auront-elles suffi à établir le même bouleversement dans le monde du basket ? Libre à nous, sans doute, de chercher à répondre à cette question, comme de nous demander si celle que beaucoup affublent déjà du surnom de ‘meilleure joueuse de tous les temps’ retrouvera un jour le chemin des terrains… 

Ou si, à l’image du « poète aux semelles de vent », son « Départ » était investi d’une portée autrement profonde : 

Assez vu. La vision s’est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. – Ô Rumeurs et Visions !
Départ dans l’affection et le bruit neufs !

Arthur Rimbaud, « Départ », Illuminations


Un grand merci à Léane pour la vidéo qui accompagne cet article une fois encore. Lire ce que fait Maya, c’est bien ; le voir, c’est encore mieux.

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