Pourquoi Alyssa Thomas mérite d’être MVP… et pourquoi elle ne le sera pas

Si vous nous suivez de longue date, vous savez qu’on n’a pas attendu la saison 2023 pour s’extasier devant les performances d’Alyssa Thomas. On l’appréciait déjà avant, mais cette rencontre et cette interview dans le lobby d’un hôtel de Charleroi avant un match d’Euroleague entre Prague et Braine nous a définitivement liés à elle et poussés à la suivre avec davantage d’attention. C’est un euphémisme de dire qu’on ne regrette pas. La carrière d’Alyssa, marquée par de la fidélité envers une seule franchise, des exploits dans l’ombre, des coups durs et un mental hors du commun, a pris un virage encore plus intéressant cette saison. Pour la première fois, “AT” est dans la discussion pour le trophée de MVP à quelques encablures de la fin de la course.

Ce n’est pas la première fois qu’elle mérite de l’être, mais jamais auparavant le grand public et l’ensemble des médias n’avaient semblé autant prendre conscience que le Sun disposait d’une joueuse aussi fabuleuse et capable de rester dans les mémoires. Orpheline de Jonquel Jones et de Jasmine Thomas après les avoir fréquentées pendant quasiment l’intégralité de son parcours en WNBA, “The Engine” exerce un leadership admirable et propose un niveau de jeu qu’il n’est plus possible d’ignorer. Bien sûr, il y a les triple-doubles, qui traduisent une activité et une polyvalence peu communes. Contre les Lynx la nuit dernière, elle a signé son 12e match en trois dimensions en carrière, son 5e de la saison , au terme d’un nouveau numéro vertigineux en termes d’intensité et d’activité.

https://www.youtube.com/watch?v=s6_p0sDzOLQ

Sur la seule saison 2023, Alyssa Thomas a enregistré plus de triple-doubles que ne l’ont fait Sabrina Ionescu (4) et Candace Parker (3)… dans leur carrière. Avec 21 points, 20 rebonds et 12 passes (sur un match de 40 minutes, et non pas 48, il faut le rappeler !), la star de Connecticut a réussi un inédit back to back en la matière, pour continuer de séduire ceux qui avaient besoin d’un révélateur chiffré pour comprendre à côté de quoi ils étaient passés jusque-là.

“Ce qui s’est passé dans ce match ? Alyssa Thomas a décidé que les choses devaient changer et elle a imposé sa volonté. Il n’y avait pas de réponse possible. Elle a simplement pris les choses en main des deux côtés du terrain”. Les mots ne viennent pas du premier quidam venu, mais de Cheryl Reeve, la patronne des Minnesota Lynx et l’une des plus grandes coachs de l’histoire du basket américain.

https://twitter.com/espnW/status/1686546601295159296?s=20

Après ce nouveau récital qui permet au Sun de rester dans la course à la deuxième place, Alyssa est toujours en lice pour être à la fois meilleure passeuse (elle devance d’un poil Courtney Vandersloot avec 8.2 assists/match) et meilleure rebondeuse (elle est en tête avec 10.2 prises/match) de la ligue cette année, tout en tournant à quasiment 15 points de moyenne et en étant une candidate tout à fait plausible au titre de Defensive Player of the Year. Elle incarne à la perfection ce concept de “valuability” qui définit une joueuse aussi influente sur le jeu et les résultats de son équipe qu’irremplaçable. Ce “V”, dans le “MVP”, c’est totalement Alyssa Thomas.

Dans un monde idéal, elle serait donc considérée comme une favorite pour succéder à A’ja Wilson. Malheureusement, ce monde est sans doute un peu utopique. Ou alors on est aveuglés par les yeux de l’amour… On espère vraiment se tromper, mais la #25 du Sun a de grandes chances de repartir bredouille au terme de la saison régulière. Pourquoi ?

D’une part parce que les grands médias ont encore du mal à lui accorder le crédit qu’elle mérite. C’est en train d’être réglé, mais Alyssa souffre toujours d’un manque de médiatisation, que ce soit pour mettre en lumière ce qu’elle sait faire sur un terrain de basket, ou la personne qu’elle est. Face à elle, on retrouve deux monstres médiatiques qui, si la saison se poursuit ainsi, se partageront probablement la majorité des votes du panel de journalistes qui détiennent un bulletin. Que l’on s’entende bien : A’ja Wilson et Breanna Stewart sont des icones et des joueuses aussi exceptionnelles que méritantes. La première, dont on a critiqué le trophée de MVP la saison dernière, est le fer de lance de la machine de guerre que sont les Aces et elle réalise la meilleure saison de sa carrière (20.7 points, 9.4 rebonds et 2.3 contres à 55%). La seconde… fait du “Stewie”. Pour sa première année à New York, Breanna Stewart tourne à 23 points (2e meilleure marqueuse de la ligue derrière son amie Jewell Loyd) et plus de 9 rebonds de moyenne, en ayant sauvé plus d’une fois le Liberty de la catastrophe.

On ne criera pas au scandale si l’une de ces deux superstars de la ligue remporte le trophée. Mais se dire qu’à moins d’une importante campagne de lobbying ou d’un effondrement de ses concurrentes, Alyssa Thomas finira assez loin au troisième rang est assez déprimant. Il est probable que Las Vegas survive correctement sans A’ja Wilson. Idem pour New York, qui devrait certes se creuser un peu les méninges, mais a suffisamment de talent pour se passer de Stewie sans passer directement dans la catégorie des équipes qui tankent. Le Sun, même avec l’excellent travail du coaching staff et la qualité du roster, ne serait pas aussi bien placé et prêt à jouer les trouble-fête en playoffs sans Alyssa Thomas.

Dans le fond, elle s’en moque probablement, elle qui est obsédée à l’idée que son aventure à Uncasville débouche sur un trophée collectif, même après les départs de la plupart de ses compagnons de route au fil des ans. Mais c’est pour l’empreinte qu’elle laissera qu’on a envie de la voir être distinguée au-delà des victoires morales. Dans 10, 20 ou 30 ans, quand les gens se pencheront sur son dossier pour se demander quelle est sa place dans l’histoire et dans des classements all-time, quelques trophées individuels ne feraient pas de mal pour plaider sa cause. Pour nous, elle est entendue. Alyssa Thomas est l’une des joueuses les plus complètes de l’histoire du basket, qu’importe son palmarès ou les bons points que les médias voudront bien lui donner ou non.

Ah, et tout ça après être revenue de la pire blessure possible au basket en 2021 (une rupture du tendon d’Achille) et avec deux épaules meurtries au point de ne pas pouvoir produire un tir dans le sens traditionnel du terme ! Vous ne pensiez quand même pas que l’on allait terminer cet éloge sans mentionner ces paramètres sidérants ?

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