Breanna Stewart : le challenge de son comeback en pleine pandémie

Peu d’athlètes sont capables de revenir à leur plus haut niveau après une rupture du tendon d’Achille. Mais combien seraient en mesure d’y arriver si les derniers mois — les mois fatidiques ! — de leur récupération survenaient lors d’une pandémie les empêchant d’avoir accès aux salles de sport ? C’est la situation inédite à laquelle Breanna Stewart a dû faire face, en prévision de son grand retour sur les terrains pour la saison WNBA à venir.

Il y a quelques semaines, elle répondait aux questions des journalistes du New York Times sur ce retour en préparation depuis de longs mois. Nous vous avons traduit ses propos.

https://www.nytimes.com/2020/05/09/sports/basketball/breanna-stewart-wnba-return.html?smtyp=cur&smid=tw-nytimes

Revenir sur les terrains après ma blessure n’a pas été quelque chose de facile. Il y a eu des moments où je me suis demandé si j’en serais capable. En janvier, j’ai recommencé à jouer, et je n’avais qu’une hâte, c’était que la saison WNBA reprenne. J’avais l’impression que la ligue allait passer un vrai cap. Mais avant ça, il fallait que je joue à nouveau en Russie. Et c’est là-bas que j’ai commencé à entendre parler du coronavirus. Mais depuis la Russie, j’avais l’impression d’être devant un aquarium à observer tout ce qu’il se passait dans le reste du monde. Là-bas, nous étions en retard sur le monde.

Quand est-ce que j’ai compris que c’était vraiment sérieux ? Une de mes coéquipières de Seattle, Sami Whitcomb, devait faire le déplacement jusqu’en Russie avec son équipe française pour jouer contre nous. Elle m’a envoyé un message qui disait “Hey, on ne va pas faire le déplacement car si on vient jusqu’en Russie, on a peur de se retrouver bloquées et de ne pas pouvoir rentrer.” C’est à ce moment que j’ai pris conscience du sérieux de la situation à l’international. Et quasiment le lendemain, la saison de NBA s’est arrêtée, et en un rien de temps, on a commencé à s’activer pour rentrer chez nous.

C’était comme si je plongeais dans l’aquarium. Tout du long de mon voyage pour rentrer aux États-Unis, je me disais “Il faut que je rentre, il faut que je rentre tout de suite.” Qu’importe le vol, j’allais le prendre. J’ai pris l’avion dans la ville où mon équipe joue en Russie, jusqu’à Paris, puis Boston, et enfin Seattle. D’aéroport en aéroport, je voyais que le niveau d’angoisse s’accentuait. Je pense que j’ai pris un des derniers vols en direction des États-Unis depuis Paris. Les gens étaient inquiets, avaient peur, ça se voyait sur leurs visages. Je n’avais pas de masque. J’avais une écharpe et je faisais ce que je pouvais pour couvrir mon visage, et j’avais des gants au début du trajet, mais j’ai avais tellement chaud aux mains que j’ai dû finir par les enlever. Personne ne savait que penser. tu touches ton téléphone, puis ton visage, et qui sait ce qu’il peut se passer ? Quand quelqu’un toussait, tout le monde se disait secrètement “Wow, est-ce que tu as le coronavirus?”

Les choses sont devenues plus sérieuses encore une fois que je suis arrivée chez moi. Un de mes meilleurs amis s’appelle Corey Edwards. Il a joué au basket au niveau universitaire et à présent il coache l’équipe d’un lycée en Floride. Quelques jours après mon retour à Seattle, son père est mort du coronavirus. Son père s’appelait Dave Edwards, et beaucoup de monde le connaissait, surtout à New York. Je le connaissais bien. Peu de personnes m’appellent “Bree”, seuls des gens dont je suis réellement proche — et lui m’appelait comme ça.

Il avait la quarantaine, il vivait à New York, et quand il est tombé malade, personne n’a pu lui rendre visite à l’hôpital. Je voulais être présente, mais je n’en avais pas le droit. La situation était hors de contrôle à New York. Pendant quelques jours, il semblait aller mieux : sa température baissait. Mais ensuite, tout s’est accéléré.

La mort du père de Corey a été très difficile à vivre. Et je pense même que ça l’est encore plus maintenant qu’au moment où cela s’est passé. À présent, j’essaie simplement d’être là pour un de mes meileurs amis. Quand ce genre de tragédie touche quelqu’un à qui l’on tient, cela nous fait porter un regard différent sur à peu près tout. Ça fait peut-être quelque temps que je ne peux plus jouer au basket, mais Corey, lui, ne pourra plus jamais voir son père.

Ne vous y trompez pas, jouer au basket me manque énormément. Ce n’est pas simplement mon métier, c’est ce que j’aime, rien que la simple sensation d’avoir un ballon entre mes mains. Si je pouvais, j’irais tirer des lancer francs toute seule, mais il n’y a nulle part où je puisse faire ça, et je prends cette pandémie au sérieux, donc je reste le plus possible à l’intérieur. Je sors parfois pour me promener. D’ordinaire, le quartier où j’habite est très animé, mais à présent, il donne l’impression d’avoir été déserté. Je conduis pour aller recevoir des soins pour ma jambe deux fois par semaine. Il faut que je l’entretienne. Le mollet de la jambe où je me suis blessée s’est énormément atrophié : il fait toujours près d’un centimètre et demi de moins que l’autre.

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Je vis dans un T2 dans le centre de Seattle. Ma mère est ma colocataire pour le moment, et j’ai Stew avec moi, mon Aussiedoodle qui me réveille tôt le matin pour aller faire une promenade. Pour être honnête, cette vie en quarantaine ressemble beaucoup à la vie que mènent les basketteuses professionnelles à l’étranger dans des pays comme la Russie. On passe beaucoup de temps à l’intérieur. Beaucoup de temps sur les écrans. J’ai regardé la vidéo de ma blessure. J’ai regardé la série de nos demi-finales WNBA 2018, Seattle contre Phoenix, de nombreuses fois. J’ai joué dans beaucoup de matchs incroyables, mais le match 5 de cette série est sans le doute le plus beau match auquel j’ai eu l’occasion de participer.

https://www.instagram.com/p/B_n1PbEgBu-/

Certains joueurs NBA peuvent s’entraîner chez eux, dans leurs gymnases personnels. Moi ? Je ne peux pas jouer du tout. Ce n’est pas comme si je pouvais mettre un panier dans mon appartement. Je ne pense pas que ce serait une bonne idée. Mais parfois j’attrape un ballon, et je le fais tourner sur mon doigt, juste pour ressentir cette sensation. De temps en temps, je finis même par dribbler dans mon appartement, parce que c’est tout ce que je peux faire pour le moment. J’espère que les voisins du dessous ne m’en veulent pas trop.

Breanna Stewart sera sauf surprise sur la ligne de départ de la saison WNBA 2020 en Floride avec le Seattle Storm fin juillet. Elle pourra alors entamer le chemin vers un retour à la situation qui était la sienne avant cette terrible blessure : celle de la joueuse la plus dominante de la ligue.

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