Le Mondial des Cats : quelques promesses et des interrogations

Etre éliminé d’une compétition, peu importe à quel stade, laisse toujours un goût amer d’inachevé. Cependant, une fois passé quelques heures pour laisser refroidir nos réflexions, il n’est jamais inutile de se pencher sur les enseignements d’une épopée.

Ce jeudi, c’est avec beaucoup d’impuissance que nous avons du regarder nos Belgian Cats se faire assez sévèrement étriller par une fière équipe d’Australie, il faut l’avouer, bien mieux armée que nous ne l’étions à ce stade de la compétition. Nous ne reviendrons pas outre mesure sur le destin et cette blessure nous privant d’Emma Meesseman au pire des moments. Orpheline d’une des toutes meilleures joueuses européennes, l’équipe des Cats, déjà bien remaniée, nous y reviendrons, perdait tout en une fois, sa capitaine, sa première option et la joueuse la plus habituée au plus haut des niveaux.

Sur le bilan chiffré, la Belgique s’est une fois de plus hissée dans le Top 8 de l’élite mondiale et cela reste grandement positif. Pris dans l’euphorie des résultats époustouflants des Cats lors de ces 4-5 dernières années, il ne faudrait pas en oublier cela. Au delà de ces considérations, cette compétition représentait un tournant à plusieurs points de vue et il nous semblait intéressant d’essayer d’analyser la mue en cours pour l’équipe belge.

Retour en arrière

A la suite des campagnes européennes et olympiques de l’été passé, l’équipe belge jusque là très stable tant dans son groupe que dans son fonctionnement depuis l’éclosion dans les années 2017-2018, a vu de gros changements s’opérer :

  • Un changement de coach. Après 6 années où il aura contribué à mettre les cats sur la carte du basket mondial, Philip Mestdagh aura été remercié et remplacé par le français Valery Demory. Celui-ci arrive alors avec comme nouvel assistant Rachid Meziane mais en conservant l’ancien assistant des Cats, Pierre Cornia. De son propre aveux, il entend travailler avec les Cats dans la continuité du travail précédemment effectué mais en mettant le doigt sur l’aspect défensif, à la fois son cheval de bataille habituel et un vrai point de progression identifié côté Cats.
  • Plusieurs départs. Ceux attendus d’Ann Wauters et Marjorie Carpréaux tout d’abord, mais également les retraites internationales un peu plus inattendues de Kim et Hanne Mestdagh. Ces absences seront l’occasion de lancer dans le grand bain de nouvelles joueuses (Ine Joris ou Maxuella Lisowa-Mbaka entre autres) ou voir le retour d’anciennes quelques peu “oubliées” sous Mestdagh comme Hind Ben-Abdelkader

C’est donc avec de vraies interrogations que l’équipe abordait ces rencontres.

On a aimé

L’énergie des jeunes

Au vu des absences, il paraissait clair que de nouvelles têtes allaient devoir faire leur apparition et prendre leurs responsabilités au sein du groupe. Maxuella en est un parfait exemple, elle qui semble bénéficier de beaucoup de confiance de la part du coach depuis son arrivée et qui le lui rend bien sur le terrain. Avec une énergie et un cardio ininterrompu, Maxu se bat sur les ballons et donne tout ce qu’elle a. A tout juste 21 ans, elle n’est évidemment pas exempte de défauts de jeunesse mais l’envie est là et l’expérience ne peut qu’avoir été bénéfique. On salue également l’évolution récente de Becky Massey, qui semble se révéler avec les cats depuis son passage en 3×3, de Ine Joris, peu nourrie en minutes mais qui montre déjà techniquement une belle maitrise de son sujet ou encore d’Elise Ramette qui aura tenu correctement la baraque sur les minutes qui lui auront été confiées.

Dans un autre registre, l’apport de Hind Ben Abdelkader à cette équipe est on ne peut plus intéressant. Aux côtés des meneuses plus traditionnelles que sont Julie Allemand et Julie Van Loo, elle amène d’autres options au scoring avec du jeu rapide en première intention. Très adroite à 3 points sur la compétition, elle aura parfois plus péché à tenter la pénétration de trop. En résultent de nettement moins bons pourcentages à 2 points. Toutefois, en l’absence des soeurs Mestdagh, elle aura été cette option offensive extérieure dont les cats avaient cruellement besoin

Le leadership du backcourt

C’est une option que Philip Mestdagh prenait souvent par séquences, lors de rencontres, faire évoluer côte à côte les deux Julie pour multiplier les porteuses de balle et augmenter le danger. Valery Demory continue à s’appuyer sur cette tactique et a même fait démarrer conjointement nos deux blondes préférées. Orphelines de taulières comme Ann Wauters, Kim Mestdagh, mais également Jana Raman, en repos suite à son accouchement, la Belgique avait cruellement besoin de voix au sein de son effectif. Un rôle que doivent désormais prendre principalement l’axe Emma-Julie Allemand mais également la briscarde du groupe Julie Van Loo. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’on a pas été déçu par cette dernière. Que ça soit balle en main pour organiser un système avec son allure de générale ou à l’aide de ses gros shoots de loin qui nous ont plus d’une fois maintenu dans les rencontres, Julie Van Loo nous a régalé.

On a moins aimé

Le mouvement du ballon

On attaque désormais les sujets qui fâchent et un bilan n’en est ^as un si on ne peut pas mettre un petit taquet au coaching. Loin de nous l’idée de dire qu’il nous faut changer de coach et il est plus que probable qu’étant donné les circonstances, n’importe quel coach aurait obtenu une défaite face à cette Australie. Mais force est de constater que la promesse donnée lors du changement de staff, conserver la bonne attaque des cats et en améliorer la défense, n’a jusqu’à présent pas eu lieu.

Pour le second aspect peut se poser la question du personnel et on ne s’attendait pas à voir l’équipe se transformer du tout au tout subitement. Pour l’attaque en revanche, il faut reconnaître que l’équipe nous a habitué à mieux. Sans même parler de la fin de la compétition – l’absence d’Emma est évidemment préjudiciable à cet égard – mais le mouvement de balle des cats, d’habitude si fluide, a semblé par moment un peu plus sclérosé. On peut l’expliquer évidemment. L’absence de joueuses du profil de Kim ou Hanne rendent les menaces sans ballon plus faibles. Hind possède d’immenses qualités offensives mais n’a pas ce profil. Tant elle que les Julie sont des joueuses balles en main et cela se ressent dans la manière dont l’équipe est défendue.

Ensuite, et il nous faut là parler un peu de coaching, la prédominance donnée sur pas mal d’actions à vouloir mettre la balle dessous. Que l’on se comprenne bien, il ne s’agit pas ici d’opposer un jeu intérieur et un jeu extérieur. Tout observateur avisé du basket sait que les deux sont nécessaires et que l’alternance des jeux reste la clé. Mais là où auparavant notre jeu intérieur se basait sur un mouvement de balle et des coupes incessantes vers le panier ou derrière la défense, les systèmes nous ont semblé cette fois plus téléphonés et répétés. L’absence d’Emma est évidemment préjudiciable de nouveau, elle qui apporte une variété d’option incroyable à l’intérieur mais l’absence de solution une fois celle-ci sur le flanc nous a un peu frustré. Là où auparavant le jeu des cats brillait par sa créativité, il semble désormais plus écrit. Peut-être une nécessité pour intégrer de jeunes joueuses au plan de jeu mais on ne peut que le constater.

La faiblesse de la raquette

Il s’agit là du deuxième point et l’absence d’Emma n’a fait que le rendre d’autant plus criant. Outre Emma et Kyara Linskens, la raquette belge est en carence flagrante de centimètres. Billie et Becky Massey, dans des registres très différents, amènent des solutions et des options intéressantes. Mais de toute leur énergie et peu importe l’évolution qui sera la leur, et on la souhaite la plus grande possible, elle ne feront jamais que 1,86m. En début de compétition, Serena-Lynn Geldof n’a pas été conservée dans le groupe. On ne s’en est pas ému plus que ça à l’époque. Il faut dire que Serena, si elle a des qualités évidentes, ne fusse que par sa taille, et malgré un euro de très bonne facture l’année dernière, manque parfois de technique ou de répondant physique. Cependant, les absents ont parfois raisons et la blessure d’Emma aura mis à jour de façon criante les services qu’auraient pu rendre Serena-Lynn. Encore une fois, le sujet n’est pas de dire que nous aurions pu gagner ce match contre l’Australie avec Serena mais plutôt de pointer ce manque de relais derrière notre duo Emma-Kyara. Si la relève s’est montrée convaincante sur les lignes arrières et les ailes, elle peine encore à s’imposer à l’intérieur. Cela nous rend très dépendant d’Emma à tous les aspects.

Malgré ces derniers points en mode mineur, il ne faudrait pas ne retenir que le négatif de cet épisode. Il ne faudrait pas aussi prendre pour acquis le fait de faire partie du Top 8 mondial de manière répétée depuis plusieurs années. Qui sait ce qu’il en sera de cette équipe d’ici une décennie ?

Dans l’immédiat, concentrons-nous sur les belles promesses entrevues, notamment de la part de certaines jeunes recrues et observons de plus près leur évolution dans les mois à venir. Plusieurs joueuses ont pris le défi de championnats nationaux plus relevés. C’est le cas des soeurs Massey qui évolueront en Espagne (au Movistar Estudiantes de Madrid) ou de Kyara Linskens qui rejoint le BLMA de son coach national (elle y retrouvera Julie Van Loo qui a également signé là-bas). De quoi voir toutes ces joueuses ajouter de nouvelles cordes à leurs arcs et élever leur niveau de jeu pour ensuite venir en faire profiter nos merveilleuses Belgian Cats.

Encore Bravo les Filles. Tout n’était pas parfait mais vous ne devez rien regretter. Pour le reste, nous restons inconditionnellement derrière vous.

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