Betnijah Laney, la MIP 2020 nous parle de son éclosion et de ses ambitions avec New York

2020 a été l’année de la révélation, pour ne pas dire de l’explosion, pour Betnijah Laney. Jusque-là cantonnée à une étiquette de spécialiste défensive après un début de carrière discret, la nouvelle joueuse du New York Liberty s’est éclatée avec Atlanta, où elle a participé à la saison dans la bulle de Bradenton. Avec près de 17 points, 5 rebonds et 4 passes de moyenne, l’ailière de 26 ans s’est révélée aux yeux du grand public et des médias, au point d’être élue Most Improved Player, quelques semaines après avoir été étonnamment coupée par le Fever… 

Alors qu’elle se trouve en ce moment en Israël avec le club de Ramla avec Tiffany Mitchell et à quelques semaines du début de la saison WNBA, on a pu discuter un peu avec Betnijah, notamment de son parcours, de son douloureux départ d’Indiana, de sa formidable saison au Dream, de son choix de signer à New York et de ses ambitions.  

Petit tutoriel de prononciation pour son prénom : phonétiquement, ça donne quelque chose comme “beh-naï-jah”. You’re welcome. 

Betnijah, tu viens du Delaware, comme mon ancien colocataire qui me disait qu’il faut forcément partir de là-bas quand tu veux réussir, que ce soit pour le basket ou pour autre chose. Tu es d’accord avec ça ?

Betnijah Laney : Je suis née dans le Delaware et j’ai été au lycée là-bas, mais j’ai aussi grandi à Philadelphie avant ça, puis ait joué du côté de New York, chez les Gauchos (une institution du basket AAU dans le Bronx, NDLR). En ce qui concerne le Delaware, ton coloc’ ne t’a pas menti. Ce n’est clairement pas un état qui est connu pour le basket. Donc on doit généralement en partir pour intégrer le circuit et bénéficier de l’exposition que l’on recherche. C’est ce que j’ai fait. Philadelphie est un endroit très différent de ce point de vue. Les gens sont nettement plus excités par e basket et beaucoup de très grands joueurs et très grandes joueuses viennent de là-bas. On peut dire que le Delaware et Philadelphie sont un peu des opposés sur le plan du basket !

Est-ce que plus jeune tu avais des modèles au niveau du basket, que ce soit chez les hommes ou les femmes ?

Betnijah Laney : Dans ma jeunesse, il n’y avait pas vraiment de joueuse que je voulais imiter. A vrai dire, je n’ai pas vraiment entretenu d’espoirs de jouer au basket au haut niveau avant d’être en middle school. C’est là que je m’y suis vraiment mise. Avant, ce n’était pas trop mon truc. En fait, l’une des mes joueuses préférées, c’était ma mère. Elle jouait pour Coach Stringer (C. Vivian Stringer est l’une des pionnières du coaching universitaire chez les femmes, d’abord à Iowa, puis à Rutgers depuis 1995, NDLR) à l’université de Rutgers et du coup j’allais voir ses matchs.

Du coup, c’est ce qui t’a fait choisir Rutgers, où tu as passé tes quatre années universitaires ? Le fait d’avoir C. Vivian Stringer comme coach a dû être très précieux pour toi…

Betnijah Laney : Ma mère avait noué une relation avec Coach Stringer. Je la connais pour ainsi dire depuis que je suis née. C’est évidemment ce qui m’a décidée à choisir Rutgers lorsque d’autres équipes essayaient de me recruter après le lycée. Le fait que Coach Stringer soit une femme, qu’elle ait fait autant de choses pour les filles dans le basket et que je sois en mesure d’apprendre énormément de choses d’elle pour être capable de jouer au plus haut niveau ensuite, ça a été important. Pouvoir jouer à côté de chez moi (le campus de Rutgers est à Piscataway, dans le New Jersey, NDLR) et que ma famille puisse venir aux matchs, c’était aussi un facteur.  

Après la fac, tu as joué en Australie, à Perth, avec Sami Whitcomb. Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience ?

Betnijah Laney : C’était… (elle hésite) bien. Oui, c’était bien. On avait une équipe qui gagnait des matchs et on a même été jusqu’en finale du championnat. Même si on n’a pas gagné, c’était une bonne expérience sur le plan du basket. Par contre, je ne suis pas vraiment fan du fait de jouer à l’étranger. En fait, ce n’est pas très exaltant pour moi (rires). Je le fais parce qu’il faut le faire pour des raisons financières et aussi pour rester en forme et être prête pour la saison WNBA. Donc ce n’est pas horrible, mais ce n’est clairement pas ce que je préfère dans le métier.

Tu as joué deux fois en Israël, dont cette année. Comment ça se passe pour toi ici dans ce contexte si particulier ?

Betnijah Laney : Je dois avouer que c’est différent cette saison d’être ici. C’est un peu comme d’être à nouveau dans la bulle. Ce n’est clairement pas l’idéal, mais les choses commencent à rouvrir et la situation à devenir normale depuis l’arrivée du vaccin. Encore une fois, ce n’est pas désagréable, mais ce n’est bien sûr pas pareil de jouer dans un environnement avec le Covid. Ce n’était pas le cas quand je suis venue ici la première fois. Mon équipe gagne donc je suis heureuse.

La saison WNBA reprend normalement bientôt. Quand est-ce que tu seras de retour au pays ?

Betnijah Laney : J’y travaille en ce moment. Je suis en train de voir à quel moment je peux rentrer aux Etats-Unis. A l’heure qu’il est, le championnat israélien doit se terminer début mai, mais ils adaptent la situation au jour le jour.

Revenons à la saison dernière. C’est assez fou de se dire que Tamika Catchings et le Fever ont coupé ton contrat avant le début de la saison alors que tu étais titulaire lors de la précédente. Tu étais spécifiquement ce qui a manqué à Indiana ensuite…

Betnijah Laney : Oui… Clairement, ça a été un choc. Particulièrement au niveau du timing et de la communication qu’il y a eu compte-tenu de la relation que j’avais avec la franchise. Vraiment, je ne l’ai pas venu venir. Même si ça n’a pas pas été l’idéal et pas très agréable d’être coupée à quelques semaines du début de la saison dans la bulle, je pense que ça a bien fonctionné pour moi derrière. C’est quelque chose qui m’a donné de la motivation et une envie de prouver ce que je valais encore plus importante. Mon rôle n’aurait pas été le même avec Indiana, c’est certain. J’ai du coup pu avoir l’opportunité de réussir comme je l’ai fait avec Atlanta. Le Dream a pu me voir pendant les workouts et les entretiens. Ils se sont rendus compte de ce que je pouvais apporter et les choses se sont bien arrangées pour moi.

Jusque-là, tu étais surtout identifiée comme une joueuse défensive. Nicki Collen a même dit qu’elle ne savait pas que tu pouvais shooter aussi bien avant de le remarquer à l’entraînement. Comment se fait-il que les gens soient passés à côté de l’aspect offensif de ton jeu ?

Betnijah Laney : En fait, je ne suis pas arrivée dans la ligue avec l’étiquette de shooteuse. Même pendant mes années à la fac avec Rutgers, je ne prenais pas beaucoup de tirs à 3 points. Seulement quelques uns par saison. Donc je n’étais pas connue pour ça, même si je travaillais cet aspect-là d mon côté. Les équipes pour lesquelles je jouais ne m’utilisaient pas de cette manière-là, mais plutôt pour mes qualités défensives. Du coup, ça s’est imprimé dans la tête des gens que mon profil était surtout défensif. On me connaissait pour ça, pas pour ce que je pouvais faire en attaque. A Atlanta, j’ai eu l’occasion de montrer cette facette-là. C’est ce qui m’a aidé. Coach Collen a vu mon potentiel dans ce secteur-là et je lui en suis vraiment reconnaissante. Elle m’a donné l’opportunité de le démontrer.

Grâce à ce que tu as fait la saison dernière, tu es aujourd’hui considérée comme une two-way player et on sait que tu as été très convoitée durant la free agency. Qu’est-ce qui fait que tu as choisi New York plutôt qu’une prétendant au titre plus affirmé ?

Betnijah Laney : J’ai choisi New York pour plein de raisons. Déjà, ce n’est pas très loin de chez moi. Ensuite, j’ai trouvé que le projet qui était en train de se construire autour d’une équipe jeune était intéressant. Je me suis dit qu’il y avait beaucoup de potentiel ici et que le bilan du Liberty la saison dernière et ses résultats ne reflétaient pas le travail effectué. Apporter mes capacités et mon expérience ici était ce qui me plaisait le plus. On va faire de l’excellent travail et je crois qu’on est capables de faire un run et d’atteindre les objectifs que l’on s’est fixés. J’ai été attirée par les joueuses qui étaient déjà là et par celles qui sont arrivées. Le coaching staff, la direction et les propriétaires aussi m’ont convaincue. Vraiment, je suis ravie de ma décision !

En arrivant à New York, tu débarques dans une ville où il y a énormément de passion et d’attentes en termes de résultats. Les gens attendent un titre depuis très longtemps. Tu recherchais aussi cette pression ?

Betnijah Laney : Absolument. Je pense qu’être dans un environnement où les attentes autour de toi sont élevées, c’est ce que tout le monde recherche. Gagner un titre à New York, c’est clairement un objectif. Je dis ça pour moi, mais je suis certaine que tout le monde ici a le même but et la même vision. Réussir ça ne tient qu’à nous. On est venues ici pour faire du bruit.

Tu t’es déjà entretenue avec Walt Hopkins pour discuter de ton rôle à New York ?

Betnijah Laney : Oui, on a eu une conversation sur ce qu’il attendait de moi pour cette saison. En gros, l’idée est de m’appuyer sur ce que j’ai réussi à faire la saison dernière avec Atlanta et de continuer à grandir, tout en apportant mon leadership et ce que je sais faire sur un terrain.

Le Liberty a enregistré deux autres recrues marquantes, Sami Whitcomb, qui nous avait dit qu’elle était ravie de pouvoir rejouer avec toi, et Natasha Howard. Qu’est-ce que tu penses de leur arrivée ?

Betnijah Laney : Moi aussi j’ai hâte de rejouer avec Sami ! J’ai aussi hâte de jouer avec Natasha. Elles apportent toutes les deux beaucoup de qualités et viennent d’une équipe qui a remporté le titre. Elles savent ce que c’est de gagner et ce que ça implique. Les avoir dans l’équipe est très bien pour nous. Elles ont des choses à amener des deux côtés du terrain. Sami est une shooteuse incroyable et une joueuse vocale. Natasha est très athlétique, sait marquer de partout et défend à haut niveau. Vraiment, je suis pressée de pouvoir jouer avec elles, mais aussi avec toutes les filles qui étaient déjà la saison dernière. Je pense que ce sera vraiment bien.

Tu vas jouer avec Sabrina Ionescu, que l’on n’a malheureusement pas beaucoup pu voir dans la bulle à cause de sa blessure. Quelle impression elle t’a faite ?

Betnijah Laney : Sabrina n’a pas eu la chance de montrer tout ce qu’elle savait faire. Mais même si elle n’a joué que trois matchs, on voit bien qu’elle est très spéciale. Je lui ai parlé récemment et elle va bien et se sent bien pour la reprise. Elle veut que cette saison soit le vrai début pour elle. Je suis impatiente de pouvoir jouer avec elle et c’est une chance de l’avoir dans l’équipe.

Le public français t’a vraiment découverte la saison dernière et, à mon avis, ne serait pas contre te voir jouer un jour en LFB. Est-ce que c’est quelque chose qui pourrait te tenter à l’avenir ?

Betnijah Laney : Je ne suis pas du tout opposée à l’idée de jouer en France. A vrai dire, ça a failli se faire cette saison… Le timing et ce que je cherchais précisément ont fait que ça n’a pas abouti, mais j’ai été en contact avec des équipes françaises. Donc c’est possible un jour !

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