Cette saison 2021 devait cimenter la place de Lexie Brown dans un roster WNBA. Malheureusement, elle est bien partie pour la regarder de loin, tout en se disant que sa place est parmi l’une des 12 équipes engagées. Ce que la meneuse a montré dans la Wubble de Bradenton avec les Lynx, juste avant d’être contrainte de la quitter à cause des séquelles d’un violent choc à la tête en match, était très intéressant. Après deux premières saisons trop discrètes pour un 1er tour de Draft (9e pick 2019), Brown avait profité de la reconstruction en cours à Minneapolis pour séduire Cheryl Reeve et se faire une place dans la rotation. En Floride, l’ancienne Dukie avait même intégré le cinq grâce à sa transformation en machine à voler des ballons.
Au sein du backcourt, Crystal Dangerfield s’occupait de briller en attaque, pendant que Lexie Brown défendait dur et guettait la moindre opportunité d’interception. Contre le New York Liberty, la fille de l’ancien joueur NBA Dee Brown avait même réussi l’exploit de chiper 7 ballons, tout en montrant de belles dispositions à la passe (9 assists au match suivant face à Indiana). Bref, les ingrédients pour faire une très bonne joueuse WNBA étaient là et le retour à un semblant de normalité sur le plan sanitaire devait lui permettre de confirmer cela.
L’intersaison a été agitée chez les Lynx, avec un recrutement clinquant (Kayla McBride et Aerial Powers notamment) mais pas nécessairement d’embouteillage pouvant faire craindre à Lexie Brown d’être coupée. Sauf que peu avant le training camp, la nouvelle est tombée. Les Lynx ont décidé de libérer leur joueuse, Reeve tournant son argumentaire comme si elle venait de faire une fleur à la jeune femme pour lui permettre de trouver une situation où elle aurait davantage de temps de jeu. Puisque tout le monde était d’accord avec cette issue, pas de problème. Personne n’a, sur le coup, crié au scandale.
Lors de son passage dans le podcast de Complex Sports, Brown a tenu à rétablir la vérité ou, en tout cas, à livrer son point de vue à ce sujet. Lors de cette séparation supposément d’un commun accord, l’une des deux parties était quand même beaucoup plus d’accord que l’autre…
J’essaye de ne pas être trop amère, mais je suis très déçue du manque de communication qu’il y a eu. J’aime qu’on me dise les choses, même si je ne suis pas d’accord, au moins on aura été honnête avec moi
Lexie Brown, chez Complex sports
“La manière dont cela s’est passé avec Minnesota, ce n’est pas normal. Beaucoup de gens s’en moquent ou l’ont oublié, mais la commotion qui m’a obligée à quitter la bulle a été un moment très difficile. Cela a affecté mon humeur et mes émotions. Malgré ça, j’espérais vivre une saison en forme d’éclosion avec les Lynx. Après ma sortie de la bulle et mes examens, je n’ai pas eu de nouvelles de la franchise. Rien des coachs, rien des coéquipières. Je me suis demandée si j’allais être tradée, mais il n’y avait aucun bruit à ce sujet. Donc j’ai travaillé comme une malade pendant l’intersaison pour être une nouvelle joueuse et une personne plus mature. Je sentais tout de même qu’il y avait quelque chose de bizarre dans cette situation. Malgré tout, j’étais très heureuse des grosses signatures de l’intersaison.
J’étais prête à accepter n’importe quel rôle, en sachant que je ne pourrais sans doute pas être titulaire. Le training camp approchait et j’étais chez moi. On ne m’a pas dit quel jour je devais me présenter là-bas. Puis j’ai demandé à mon agent d’appeler parce que je me posais des questions. Les Lynx ont dit qu’ils essayaient de me trouver un trade, mais je n’avais toujours rien entendu à ce sujet.
Finalement, un jour avant la date d’annonce des effectifs pour les training camps, elle (Cheryl Reeve) m’a coupé. Je n’ai pas eu le temps de vraiment trouver une opportunité avec une bonne place. Même si le Sky joue dans un super environnement, ce n’était pas la bonne situation pour moi.
J’essaye de ne pas être trop amère, mais je suis très déçue du manque de communication qu’il y a eu. J’aime qu’on me dise les choses, même si je ne suis pas d’accord, au moins on aura été honnête avec moi. J’ai une motivation supplémentaire pour quand je reviendrai dans la ligue”.
Vivement l’expansion…
Convaincue par ses parents d’exprimer son point de vue sur l’affaire de cette manière plutôt que sur Twitter où elle ne prend pas vraiment de pincettes, Lexie Brown ne cite pas directement Cheryl Reeve, mais on comprend que c’est vers la head coach/GM des Lynx qu’est dirigée son incompréhension, puisqu’elle précise dans son intervention que le propriétaire Glen Taylor a toujours été parfait avec elle et l’équipe en général.
Brown milite évidemment pour du changement en WNBA. Et pour davantage de respect et de dialogue envers et avec les joueuses, même si tout le monde commence à comprendre qu’en termes de décisions business, la W n’aura peut-être bientôt plus rien à envier à la NBA.
A chaque joueuse évincée ou pour laquelle aucune place ne se libère, on ne peut s’empêcher d’appeler de nos vœux un plus grand nombre de spots dans les rosters des 12 équipes. Les blessures sont nombreuses cette saison et des équipes sont déjà contraintes à une rotation avec 8 ou 9 joueuses et beaucoup de remplaçantes très inexpérimentées. Ce serait déjà un premier pas pour éviter que trop de joueuses, surtout lorsqu’elles sont aussi douées que Lexie Brown, ne se retrouvent sur le carreau.
Le problème sera ensuite en partie résolu lorsque des investisseurs parviendront à se montrer assez fiables pour que la WNBA accepte une expansion avec l’arrivée de nouvelles franchises. Pour ça, malheureusement, il faut encore s’armer de patience. Si vous aimez Lexie Brown, son jeu et son franc parler, elle a admis lors de ce podcast qu’elle jouerait probablement à l’étranger à la rentrée prochaine, si toutefois aucune franchise ne tentait de la relancer dans les prochains mois.
