Si le Sun atteint les Finales WNBA 2020, Alyssa Thomas aura mérité son biopic comme les plus grandes stars de ce monde. Ce qu’a accompli la star de Connecticut cette nuit doit entrer directement dans le livre des performances les plus mémorables de l’histoire des playoffs.
Thomas, qui s’était disloquée l’épaule 48 heures plus tôt en hurlant de douleur et était annoncée forfait jusqu’à trois heures avant le match, a tenu sa place pour le game 3 contre Las Vegas. “Tenir sa place” est un euphémisme. Alyssa Thomas a fait bien plus que ça. Elle a tout simplement guidé son équipe vers la victoire grâce à sa seule volonté. Il faut dire les choses comme elles sont : “AT” est une p***** de guerrière – pardon my French – et l’athlète la plus dure au mal du sport américain à l’heure actuelle.
On se demandait si elle saurait encaisser les contacts évidents et ciblés que les joueuses de Bill Laimbeer allaient lui imposer. La réponse n’a pas traîné. Dès les premières secondes, tout le monde sur le terrain et en dehors a compris qu’elle n’était pas là pour susciter la pitié. Alyssa Thomas a contaminé ses coéquipières avec son envie, son énergie et son courage. Dans un match ultra serré, qui a connu 15 changements de leader au tableau d’affichage et 14 égalités, ce détail fait la différence. Avec 23 points, 12 rebonds, 4 passes, 3 interceptions (seules Tamika Catchings et Candace Parker ont déjà fait aussi bien dans l’histoire des playoffs) et un money time époustouflant d’abnégation et d’efficacité, Thomas a fait plier des Aces désormais au bord du gouffre.
On va la répéter, mais c’est la défense et la dureté du Sun qui ont encore permis aux filles de Curt Miller de repartir avec la victoire. A cela, elles ont ajouté un ingrédient important : un nombre de pertes de balle extrêmement faible (4, record WNBA égalé). DeWanna Bonner a fait le dos rond en se concentrant sur le rebond et a mis quelques paniers importants en fin de partie malgré une vilaine torsion de la cheville. Brionna Jones (15 points, 10 rebonds) a été extrêmement importante à l’intérieur, dans une partie où les Aces n’ont pour une fois pas soutenu la comparaison dans ce domaine.
Las Vegas a pourtant semblé assez longtemps capable de l’emporter. A’ja Wilson a commencé le match avec son efficacité habituelle – malgré des prises à trois parfois (!) – et ses camarades, Angel McCoughtry et Danielle Robinson en tête, l’ont épaulée à coups de tirs à mi-distance et, plus étonnant, de paniers à 3 points. Ce schéma a volé en éclats dans le dernier quart-temps, lorsque la MVP de la saison régulière a perdu pied en termes d’adresse et n’a pas eu le répondant physique nécessaire face à l’agressivité adverse. Ni McCoughtry, ni Kayla McBride, complètement déréglée à nouveau, Dearice Hamby ou Jackie Young n’ont su prendre le relais dans le moment de vérité.
Il faut se rendre compte que le Connecticut Sun, qui a démarré sa saison par cinq défaites et a dû affronter trois adversaires mieux classés et favoris, n’est plus qu’à une victoire d’un retour en Finales. Rien n’est fait, mais cette équipe continue d’être habitée et portée par cette espèce d’aura que l’on retrouve chez les équipes qui finissent par entrer dans la légende. Quoi qu’il advienne désormais, le Sun est entré dans le coeur de pas mal de monde…
