“For the first time this season. Number 25. Alyssaaaaaa Thomas !” Le speaker de la Mohegan Sun Arena aurait mérité de faire l’annonce de cette entrée devant une salle de 10 000 personnes pleine à craquer et à casser les décibels pour célébrer le retour d’une joueuse spéciale. Les applaudissements ont quand même été nourris et la clameur indéniable. Moins de 9 mois après le terrible diagnostic de sa rupture du tendon d’Achille, la star du Connecticut Sun a fait son retour lors de l’avant-dernier match de la saison contre New York. Si une joueuse était capable de défier les pronostics et la science en revenant plus tôt sur le terrain, c’est bien Alyssa Thomas.
“The Engine”, véritable âme et caution “fighting spirit” de cette équipe, a remplacé Brionna Jones à 6 minutes et 40 secondes de la fin du premier quart-temps. La franchise avait teasé son retour il y a 48 heures déjà. Curt Miller avait prévenu que le plan était de la faire entrer en jeu en cours de match si elle en ressentait l’envie, puis de limiter son temps de jeu. 351 jours après sa dernière apparition sous le maillot du Sun, l’épaule bandée et les yeux embués par l’élimination après une série épique contre les Aces dans la Wubble, Alyssa Thomas a fait… du Alyssa Thomas. La double All-Star n’a montré aucune gêne pour arpenter le terrain pendant 16 minutes.
“AT” n’a pas eu besoin de se fouler, tant Connecticut a dominé son sujet après la pause, pour passer d’un retard de 3 points à une victoire de 29 points (98-69), la 13e consécutive pour le rouleau compresseur qu’est cette équipe cette saison. Au moment d’entrer sur le terrain, chewing gum à la bouche comme à son habitude, Alyssa n’a laissé transparaître aucune émotion, aucun sourire. Intérieurement, on imagine que ça bouillonnait. Malgré cet aspect “machine de guerre” lorsqu’elle foule un parquet, on sait la joueuse de 29 ans capable de se dérider, comme lors de cet entretien dans un hôtel de Charleroi en 2020 où on avait senti que l’on avait à faire à une basketteuse et une fille tout sauf banale.
L’émotion, ce sont ses fans et ceux du Sun qui l’ont forcément ressentie à 2 minutes de la fin du premier quart-temps, lorsque la numéro 25 a enrhumé Michaela Onyenwere sur le spin move dont elle a le secret, pour marquer le premier de ses trois paniers du soir (6 points, 3 rebonds, 1 passe, 1 interception).
New York se devait de gagner ce match pour rester en vie dans la course aux playoffs. Malheureusement pour le Liberty, ce ne sera pas sans doute pas pour cette année, sauf concours de circonstance très favorable lors de la dernière journée. Encore une fois, les joueuses de Walt Hopkins ont livré 20 excellentes minutes, avec notamment de très bons matchs offensifs de Natasha Howard (25 pts) et Michaela Onyenwere (14 points à 5/6), la future Rookie of the Year. Les mauvaises habitudes ont la vie dure, puisque New York s’est effondré après le repos et n’est parvenu à inscrire que 21 points. Tout le monde s’est heurté à la défense de fer du Sun à un moment ou à un autre, mais le moment aurait été bien choisi pour forcer le verrou. Il sera temps de revenir sur la saison de Sabrina Ionescu et de ses camarades une fois la saison terminée, mais il y avait clairement la place pour un comeback en playoffs.
Alyssa Thomas n’a toujours pas d’épaules en suffisamment bon état pour shooter, puisqu’elle a décidé de ne pas profiter de sa convalescence pour se faire opérer des déchirures au labrum qui l’empêche de tendre les bras. Mais elle a prouvé par le passé que le shoot est une arme dont elle peut se passer et qu’elle compense au centuple par un arsenal de qualités qu’elle seule possède en aussi grande quantité en WNBA. Connecticut va donc se lancer dans une campagne de playoffs avec la probable MVP, Jonquel Jones, un groupe fort d’une belle expérience collective et qui a développé une culture, mais aussi Alyssa Thomas comme remplaçante, alors que l’équipe caracole déjà en tête du classement. On a qu’une chose à dire aux équipes qui croiseront la route du Sun :
