Tamika Catchings est entrée au Hall of Fame, on vous a traduit son formidable speech

On vous a déjà raconté l’histoire et le parcours de Tamika Catchings, l’une des plus grandes joueuses de basket de tous les temps. Cette fois, c’est elle qui s’est racontée lors de son entrée au Hall of Fame le week-end dernier. La superstar du Fever et des Lady Vols de Tennessee a livré un discours poignant, émouvant et amusant devant un parterre de légendes qu’elle a rejoint au Panthéon du basket américain. On vous a traduit ce speech.

Je me souviens du jour où le basketball m’a choisie. J’étais en 5e, dans ma chambre, en train de faire un devoir où je devais me demander ce que j’allais faire plus tard. J’ai encore, à ce jour, la sensation du sourire qui s’est posé sur mon visage. Après avoir fini d’écrire, j’ai arraché la page et couru dans le couloir pour aller voir mon frère et ma soeur et leur clamer : “Je sais ce que je veux être quand je serai plus grande !” Je leur ai fourré le papier dans les mains en attendant de voir ce qu’ils allaient répondre. “C’est tellement cool ! Tu as montré ça à Maman et Papa ?” Je me suis ruée vers mes parents pour leur dire que je savais ce que je voulais faire plus tard. Ils étaient dans le salon et je leur ai aussi mis le papier dans les mains. Ils se sont regardés tous les deux et ont dit : “Ma chérie, s’il y a bien quelqu’un qui peut y arriver, c’est toi”. Quel était mon but ? Qu’avais-je écrit sur cette feuille ? Qu’un jour, je serais une joueuse de basketball professionnelle en NBA. Oui, la NBA (rires). C’est là qu’a débuté mon voyage pour devenir une professionnelle. Le basket m’a choisie moi, un garçon manqué maladroit et dégingandé, né avec une surdité, un défaut d’élocution et une volonté de surmonter les obstacles, de rêver de grandeur et de changer le monde.

Le basket m’a choisie et Dieu avait un plan encore plus grand pour moi. Je n’ai jamais rêvé d’être membre du Hall of Fame. Mon père et la légende qui m’accompagne aujourd’hui (elle montre Alonzo Mourning, qu’elle a choisi pour être son parrain lors de cette introduction, NDLR) ont beaucoup compté dans mon parcours. J’ai modelé mon jeu en m’inspirant de Zo et j’avais un mur entièrement recouvert de posters de lui. J’avais tout ce que l’on pouvait trouver sur les Charlotte Hornets, alors que je vivais sur les terres des Chicago Bulls. Désolé Michael Jordan… C’est la façon dont Zo jouait au basket et se comportait avec ses coéquipiers qui m’a montré comment être une joueuse multi-dimensionnelle. Je te remercie d’avoir été mon premier modèle en dehors de mon foyer. Oui, c’est cool d’avoir été conduite sur cette scène par ma première idole (rires).

Dawn (Staley), tu m’as montré comment être une leader sur et en dehors du terrain. L’année où Team USA a gagné l’or olympique, en 1996, est celle où j’ai décidé de te suivre toi, Lisa (Leslie), Sheryl (Swoopes) et tant d’autres pour représenter notre pays sur la plus grande scène qui soit. Je ne savais pas que 8 ans plus tard, je serai là, en tant qu’athlète olympique, à te regarder. Tu m’as appris à être une leader de bien des façons. Tu es la raison pour laquelle j’ai eu envie de transmettre ma passion aux futures générations. Je continue de m’inspirer de toi et de la manière dont tu t’élèves contre le statu quo.

Swin, qui a dit qu’une Lady Vol et une Huskie ne pouvaient pas être amies ? On a déjoué les pronostics !

– TAMIKA Catchings

Je veux remercier mon père (l’ancien joueur NBA Harvey Catchings, NDLR). Papa, tu as été mon premier coach. Et à dire vrai, tu l’as été tout au long de ma carrière, même quand je ne voulais pas que tu le sois (rires). Aujourd’hui, alors que je me tiens debout sur cette scène, je réalise pourquoi tu m’as fait travailler aussi durement. Pour m’aider à atteindre ta grandeur et être grande à ma manière. Merci à ma belle-mère et à ma soeur d’avoir partagé autant de moments tout au long du chemin. Maman, tu as tout simplement été incroyable. Les sacrifices que tu as fait pour m’emmener de salle en salle, de terrain en terrain, m’ont fait te voir comme ma superhéroïne. Ces moments où l’on s’est assises toutes les deux pour parler ont fait de moi la femme que je suis aujourd’hui. Je repense souvent à ce moment où tu m’as tirée hors des terrains de softball après une autre crise de colère de ma part. Dans la voiture, tu m’as dit : “Peu importe à quel point tu es forte, les gens ne voudront pas de toi dans leur équipe si tu continues comme ça”. Quelque part, ça a marché ! (elle sourit). A mes frères et soeurs, vous avez été des gardiens pour moi et été présents dans les bons et les mauvais moments. Merci d’avoir su quoi dire et quand le dire, en me laissant être moi-même, d’avoir cru en moi en me soutenant dans mes rêves et mes objectifs. Je suis ravie de partager la scène avec cette autre famille. Merci à mes neveux et nièces, de m’avoir permis de vous aimer comme mes propres enfants. De m’avoir laissée vous emmener à votre premier match professionnel, mangé vos premières frites et fait goûter ma glace préférée, même si vous ne l’aimez pas.

A tous mes coachs : est-ce que vous imaginiez qu’un jour on en serait là ? J’ai pu jouer pour la première femme coach que j’avais vu de ma vie à la télé, avec des yeux d’un gris-bleu d’acier, dans la salle avec cette couleur orange qui est la plus belle : Pat Summitt, alias Pat. A la minute où j’ai reçu ma lettre d’acceptation pour la fac de Tennessee, je l’ai placardée sur mon mur à côté des posters d’Alonzo Mourning. Pat a toujours insisté sur l’importance de maîtriser la défense et l’attaque. Elle a su corriger ma posture défensive ou plutôt le fait que je n’en n’avais pas. Je me rappelle m’être dit que cette dame ne savait pas du tout comment on défendait au basket. C’était après son cinquième titre (rires). Je n’ai pas besoin de vous dire que l’abnégation de Pat pour nous apprendre sa stratégie défensive, en nous mettant parfois sur le banc, a changé mon jeu. En attaque, Pat trouvait le moyen pour que l’on accomplisse toutes ensemble l’objectif de marquer un panier. Pat nous a appris que cette mentalité de partage en attaque pouvait et devait s’appliquer à la vie en communauté. Elle était le mélange parfait entre l’excellence persuasive et l’humilité. Son héritage perdure grâce à sa fondation. […] A mon amie Swin Cash, merci de me rappeler tous les jours ce que veut dire la véritable amitié. Qui a dit qu’une Lady Vol et une Huskie ne pouvaient pas être amies ? On a déjoué les pronostics !

Cette équipe olympique de 1996 a mené à la création de la meilleure ligue de basket du monde, la WNBA. Mon but initial de jouer en NBA a changé en cours de route. Je voulais jouer en WNBA, en compagnie des mes héroïnes : Lisa, Cynthia, Dawn, oui ! Le slogan “We got next” (on est les suivantes en VF), je l’ai gardé en tête. La ligue était (elle fredonne, comme dans le spot publicitaire de l’époque, NDLR) “faite pour moiiii”. Merci au regretté David Stern, à Adam Silver et Val Ackermann pour avoir fait de cette ligue un rêve et une réalité, et aux personnes qui se sont succédées jusqu’à Cathy Engelbert. La WNBA est plus forte que jamais. Je suis la preuve qu’avec le travail, une foi inébranlable et un système de soutien solide, les rêves se réalisent.

On ne peut pas savoir à quel point les gens croient en vous, jusqu’à ce que l’on arrive à un point où l’on n’apporte rien, mais où ils continuent de croire en nous. Le dernier match de ma carrière universitaire a pris fin avec un craquement et une douleur violente au genou. Le diagnostic a été une rupture du ligament croisé antérieur. Le timing ne pouvait pas être pire, puisque c’était à trois mois de la Draft WNBA. Je me souviens du soir de la Draft comme si c’était hier. Mes agents, mon représentant chez Nike et mes parents sont venus dans le New Jersey pour entendre mon nom être prononcé. Je ressens encore les frissons du moment où Val Ackermann a dit : “Avec le 3e pick, l’Indiana Fever sélectionne… Tamika Catchings”. Il m’a fallu une minute pour encaisser que mon nom venait d’être appelé, le temps d’enlacer tout le monde et d’aller sur scène. L’Indiana Fever a fait le pari de me choisir moi, une joueuse qui ne pouvait pas contribuer immédiatement à leur équipe mais en laquelle ils croyaient pour l’avenir. Un avenir sur 20 ans et qui continue encore aujourd’hui. Merci à la famille Simon (propriétaire des Pacers, NDLR) de m’avoir aidé à avoir foi en moi, même lorsque je n’y arrivais pas.

Je suis la preuve qu’avec le travail, une foi inébranlable et un système de soutien solide, les rêves se réalisent.

– Tamika Catchings

Je suis la preuve qu’avec le travail, une foi inébranlable et un système de soutien solide, les rêves se réalisent. Je suis extrêmement reconnaissante envers les gens qui m’ont permis d’en arriver là et les fans qui m’ont toujours montré un soutien incroyable. Je tiens à remercier aussi les coachs que j’ai côtoyés avec Team USA pendant 20 ans : Van Chancellor, la regrettée Anne Donovan et Geno (Auriemma). […] J’ai eu beaucoup de coéquipières très différentes tout au long de ma carrière et je les remercie. Elles ont toujours été le prolongement de ma famille et elles font partie de beaucoup des meilleurs souvenirs dans ma vie. Le chemin a été long et a commencé avec le duo dynamique que je formais avec ma soeur Tauja. Puis il y a eu le Fab Four à Tennessee avec les trois Meek (Semeka Randall, Chamique Holdsclaw et elle-même, NDLR). Nous sommes restées invaincues lors de la saison 97-98. Puis il y a eu les équipes olympiques américaines, l’équipe du Fever championne WNBA en 2012 et bien d’autres. Merci à toutes mes coéquipières de m’avoir poussée au maximum et acceptée malgré mes défauts.

Enfin, je veux remercier mon formidable mari. Je ne savais ni quand, ni comment Dieu m’apporterait un compagnon. Je suis tellement heureuse qu’il t’ait mené à moi. Merci pour ta patience, il en fallu beaucoup (rires), pour ton amour inconditionnel et pour avoir été mon roc. Tu fais partie de beaucoup de mes succès et je te suis reconnaissante.

Je salue les autres membres de cette promotion. Kobe et la famille Bryant en particulier. On dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant. Moi je dis qu’il faut tout un village pour que des rêves se réalisent. Merci à tous ceux qui ont fait partie de mon village. Nous avons tous des rêves et des objectifs. Que l’on soit jeune ou vieux, né avec un handicap ou poussé à croire que l’on ne pourrait rien accomplir, je vous offre ces mots que mes parents ont partagé avec moi : si quelqu’un peut le faire, c’est toi. Vise les étoiles et attrape tes rêves. Merci et que Dieu vous bénisse.

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