Bria Hartley nous raconte sa Wubble, son ADN new yorkais et son aventure avec les Bleues

Bria Hartley est pour le moment l’une des plus sérieuses candidates au titre de 6e femme de l’année, grâce à son superbe début de saison 2020 (16.1 points de moyenne, 9e meilleure scoreuse de toute la ligue) avec Phoenix, sa nouvelle équipe. Elle est aussi la seule joueuse de l’équipe de France présente en WNBA cette saison après la défection, notamment, de sa coéquipière en sélection Marine Johannès. Normal, donc, que l’on ait saisi l’occasion de discuter avec l’une des héroïnes de l’Eurobasket 2019.

Bria a eu la gentillesse d’évoquer avec nous l’expérience unique de la Wubble, le début de son aventure avec Phoenix, quelques moments-clés de sa carrière et ce qu’elle envisage avec les Bleues à l’avenir.

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Bria, suivre ce début de saison WNBA est vraiment fun pour les fans. Comment les choses se passent-elles pour toi et le Mercury en Floride et comment te sens-tu jusque-là ?

Je me sens plutôt bien. On a démarré un peu lentement avec deux défaites d’entrée, mais je pense qu’on est en train de trouver notre rythme, même si on a perdu le dernier match contre Chicago. Je trouve qu’on commence vraiment à grandir ensemble et à se faire confiance mutuellement. On s’appuie de plus en plus l’une sur l’autre. Il faut dire qu’il y a quand même 7 nouvelles joueuses dans l’équipe. En tout cas, je suis vraiment excitée par cette équipe et par ce qu’elle est capable de faire cette saison.

Le contexte de la Wubble est quand même assez unique. Comment fais-tu pour réussir à sortir ta meilleure saison en carrière jusque-là, tout en devant gérer ton fils de 3 ans dans le même temps ?

Oui, c’est dur, c’est vrai. Mais je suis en train de trouver l’équilibre. Je prends ça au jour le jour. Quand je suis avec lui, j’essaye de ne vraiment me concentrer que sur lui. Quand je suis sur le terrain, c’est l’inverse, je ne me concentre que sur le terrain. C’est un équilibre difficile, clairement. Au début, mon petit ami était là avec moi. Puis maintenant ce sont mon amie Dearica Hamby des Las Vegas Aces et sa mère qui m’aident. Quand je dois aller à l’entraînement, je le dépose rapidement là-bas. Tout n’est pas au même endroit donc c’est vraiment pratique pour moi de pouvoir avoir cette aide-là pour les entraînements et tout ça. Malgré tout, j’ai le sentiment qu’il apprécie l’expérience et qu’il est assez heureux. Il a établi des liens avec l’équipe.

Et il est presque devenu le photographe officiel de l’équipe !

(Elle rit) Oui ! Il vient à l’entraînement de temps en temps. Il aime bien me voir jouer et passer du temps avec les filles, c’est très drôle. A Phoenix, il y a vraiment un environnement familial. Coach Brondello a emmené ses enfants, Skylar est aussi venue avec son fils, c’est vraiment cool.

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Candace Parker nous disait il y a quelques semaines qu’elle n’aurait pas été la même personne, ni la même joueuse, si elle n’avait pas eu sa fille aussi tôt dans sa carrière. Tu as eu Bryson après deux saisons et demi en WNBA. Est-ce que ce que dit Candace te parle ?

Je suis d’accord avec ça, c’est certain. Pour moi, avoir mon fils a clairement été un facteur de motivation quand je suis revenue dans la ligue. Il y a toujours cette connotation négative quand tu tombes enceinte. Les gens pensent que si tu as un enfant, tu ne pourras pas revenir ou tu ne pourras plus être la même joueuse de basket. C’est quelque chose qui m’a aidée à être constamment à fond et à vouloir prouver que je peux toujours jouer. Ça m’a donné envie d’être un exemple pour mon fils. Je voulais qu’il me voie jouer aussi dur que possible et me battre face à n’importe quelle adversité, que ce soit sur ou en dehors du terrain. Aujourd’hui encore, je veux lui montrer ce que c’est de jouer en WNBA et être un modèle pour lui.

Tu es passée d’une équipe qui était clairement en reconstruction, à l’une de celles qui ont le plus d’ambition dans la ligue. La saison n’a pas démarré depuis si longtemps, mais comment est-ce que tu te sens par rapport à ce choix de carrière et est-ce que tu penses que Phoenix peut vraiment gagner le titre cette année ?

Je me rends compte que je prends de l’âge. C’est ma 7e saison en WNBA, mais je n’ai joué que 4 matchs de playoffs. Donc j’ai voulu absolument rejoindre une équipe qui pouvait lutter pour remporter le titre. Je pense que l’on est bien et qu’il y a d’excellentes pièces dans cette équipe, avec des joueuses talentueuses qui sont pour la plupart des premiers tours de Draft. On est en train de grandir ensemble et on se construit. L’important c’est d’être là au bon moment, quand les playoffs débuteront. Mais on est évidemment une équipe qui peut gagner le titre. On a tellement de joueuses très difficiles à arrêter ! Si on prend feu au bon moment, on sera dans la conversation pour le titre.

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Avant de signer pour le Mercury, tu as joué pendant 3 saisons à New York. C’est quelque chose de particulier quand on a grandi comme toi à quelques kilomètres de New York City ?

C’était quelque chose de spécial, oui. J’ai grandi dans l’état de New York, en suivant les matchs des Liberty et en allant à quelques uns d’entre eux. Pouvoir jouer à la maison, notamment au Madison Square Garden lors de ma première saison, devant mes amis et ma famille, c’était cool. Et voir une photo de moi sur un panneau devant le Madison Square Garden, c’était un rêve ! J’ai vraiment apprécié jouer là-bas et je suis très heureuse d’avoir eu l’opportunité de faire ça dans ma carrière.

On dit souvent que les joueurs new yorkais sont différents et ont une mentalité particulière. Est-ce que tu es d’accord avec ça et est-ce qu’il y a cet « ADN New York » en toi ?

Oui, je pense ! Même si je suis de Long Island, qui est un peu la banlieue, je crois que grandir là-bas a une influence sur toi. J’allais souvent à New York City pour jouer dans les parcs et sur les playgrounds. Il y a un nombre incroyable de très, très bons joueurs de basket qui sont prêts à te défier et à défendre leur terrain. Je pense que c’est vraiment quand j’ai commencé à aller jouer sur les terrains en ville que j’ai grandi en tant que joueuse. Ça m’a fait travailler mon mental parce que tu as toujours une opposition de haut niveau en face de toi.

Est-ce qu’il y avait des joueuses que tu suivais particulièrement quand tu étais plus jeunes, de New York ou d’ailleurs ?

J’ai beaucoup regardé jouer Epiphanny Prince, (qui porte aujourd’hui le maillot du Seattle Storm, NDLR) qui a 4 ou 5 ans de plus que moi et qui était au lycée quand j’étais au collège. C’était une superbe joueuse de high school à New York. Un jour, elle a mis quelque chose comme 113 points dans un match ! C’est une excellente joueuse. Après, bien sûr, il y a Sue Bird qui est aussi de Long Island et que je regardais beaucoup jouer quand j’étais à la fac. Ce sont les deux arrières que j’ai toujours voulu observer.

Tu as joué pour UConn, où tu as gagné deux titres NCAA, et c’est une équipe qui suscite toujours la fascination. Qu’est-ce qui t’a fait choisir Connecticut à l’époque ?

Je pense que UConn, c’était parfait pour moi. Je me suis retrouvée dans une situation où j’ai pu jouer beaucoup alors que j’étais très jeune. Le simple fait de rencontrer Coach Auriemma lors du processus de recrutement, c’était énorme. Rien que là, il a vu beaucoup de choses en moi. J’étais beaucoup, beaucoup plus timide quand j’étais plus jeune et il m’a poussée à m’exprimer davantage. En choisissant d’aller là-bas, je me suis dit que je grandirais en tant que personne et en tant que joueuse. C’est ce qui s’est passé.

Toutes ses anciennes joueuses ont une histoire ou un souvenir particulier avec Geno Auriemma. Toi aussi ?

Moi c’était pendant ma première année à UConn, je crois. Tout le monde sait qu’il est dur. Tout le monde sait qu’il peut se mettre sur ton dos. Il dit beaucoup de choses pour te provoquer. Je n’étais pas dans un bon jour sur le terrain et il a commencé à m’interpeller et à parler de moi en utilisant seulement le terme « cette arrière qui vient de New York », « la joueuse qui est de New York », etc… ça m’a énervée et d’un coup j’ai commencé à mieux jouer. Il est vraiment fort pour savoir ce qui motive une joueuse, et ce qui va la rendre meilleure.

Tu as affronté Diana Taurasi par le passé, mais tu es désormais sa coéquipière. Après quelques semaines ensemble, qu’est ce que ça te fait de jouer avec l’une des plus grandes ?

Je suis vraiment heureuse. J’ai toujours été une grande fan de Diana Taurasi. L’affronter était déjà cool, mais là, être à ses côtés et être en mesure d’observer comment elle se comporte sur le terrain… C’est super de l’avoir comme mentor pour m’aider. Je peux voir au quotidien comment elle pense le basket, comment elle l’aborde. J’espère pouvoir beaucoup apprendre d’elle.

La moitié de la rédaction de Swish Swish est belge. Ils ont voulu que je te dise qu’ils t’ont pardonnée pour le shoot clutch que tu as marqué contre eux à l’Euro et qu’ils te soutiennent à Phoenix.

(Elle rit). Dis leur que je leur dis « merci » (en français).

Tu as vécu ton premier tournoi avec l’équipe de France en 2019 et les Bleues ont remporté une médaille. A l’époque, ta sélection avait un peu fait polémique. Comment est-ce que tu as vécu tout ça ?

Dans l’ensemble, je l’ai plutôt bien vécu. Je savais que ma présence était problématique pour certaines personnes, mais ça n’a pas compté dans ce que j’ai choisi de faire. J’ai voulu me concentrer absolument sur le fait de jouer au basket et de représenter du mieux que possible l’équipe de France. Jusqu’ici, mon expérience avec les Bleues est super. Je pense aussi que j’ai un peu fait changer d’avis certaines personnes grâce à mon jeu et à la manière dont je me suis fondue dans l’équipe. J’espère que ça va continuer à se développer d’année en année et que l’on va faire de belles choses aux Jeux Olympiques l’année prochaine.

Sur le plan culturel, est-ce que tu te sens un peu plus proche de la culture française et de l’héritage de ta grand-mère désormais ?

Oui, je pense que le fait d’être avec les filles en sélection m’y a aidée. Je dois toujours travailler mon français pour m’améliorer. J’espère pouvoir jouer un jour en France. Ce sera plus simple pour moi de maîtriser la langue et la culture si je reste dans le pays sur une plus longue durée. Je continue de travailler ça, surtout pour être à l’aise en français.

Donc il y a une vraie possibilité que l’on te voit en LFB un jour ?

Il y a clairement une chance. Pour le moment, je dois voir ce qui est possible et faire ce qui est le mieux pour ma carrière. Mais j’ai été en discussion avec des équipes françaises et j’espère que c’est quelque chose qui arrivera dans le futur.

Tu as joué en Hongrie et en Turquie. Qu’est ce que ces expériences t’ont apportée sur un plan personnel et professionnel ?

Je suis allé en Hongrie pour ma première année à l’étranger et j’étais surtout inquiète d’être loin de ma famille et loin des Etats-Unis. C’était ma première venue en Europe sur une aussi longue durée. Du coup, je n’ai pas vraiment pu me plonger dans la culture européenne. Sopron est une petite ville où il n’y a pas beaucoup de choses à faire. Il y avait un bowling et quelques bons restaurants. J’étais là-bas avec Kayla McBride, que je connais depuis longtemps. C’était bien d’avoir quelqu’un comme elle avec moi pour vivre cette expérience. Ensuite, j’ai vraiment aimé la Turquie. Jouer l’Euroleague avec le Fenerbahçe, c’était super et j’espère pouvoir continuer d’ajouter des choses à mon CV avec le Galatasaray. Istanbul est l’une des mes villes préférées au monde. Je vais y retourner pour une troisième saison. La ville me rappelle un peu New York parce qu’il y a énormément de choses à faire, de restaurants, de centres commerciaux, et j’adore faire ça quand je suis là-bas. C’est pour ça que j’y retourne.

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