Stefanie Dolson à l’ASVEL : l’occasion rêvée pour discuter avec Big Mama Stef

Stefanie Dolson, aka Big Mama Stef, vient de s’engager avec l’ASVEL pour un mois en tant que joker. Malgré le décalage horaire, elle a pris un peu de temps pour discuter avec nous de : son choix de venir en France (merci MJ !), New York, ses années UConn, Caitlin Clark, des progrès de la WNBA et même… d’Emma Meesseman 😄

Salut Stefanie !

Bonjour

Comment ça va ?

Bien et toi ?

Très bien. Tout d’abord, merci pour ton temps, tu n’es là que depuis quelques jours et j’imagine que tu es pas mal occupée. Comment ça se passe pour toi depuis que tu es à Lyon ?

C’est super. L’équipe est vraiment très accommodante et tout le monde m’a fait me sentir comme à la maison, donc tout va bien.

Il y a des liens évidents avec Gabby et Marine, mais aussi avec l’une des tes amies et ex-coéquipières à UConn, Bria Hartley, qui a joué en équipe de France, mais pourquoi la France ? Est-ce que c’était écrit, justement avec toutes ces connexions avec la France ? Je pense à James Wade que tu as eu comme coach, qui est marié à l’ancienne grande joueuse française Edwige Lawson… Est-ce que certaines de ces personnes ont joué un rôle dans ton choix de venir ici ?

Je dois dire que oui. Celle qui a joué le plus grand rôle, c’est Marine. J’ai joué avec elle ces deux dernières saisons à New York. J’ai aussi joué plusieurs saisons avec Gabby à Chicago et une fois en Hongrie, donc ça a été un choix assez facile parce que je voulais jouer avec des amies et des joueuses avec lesquelles je sais jouer, puisque je vais être ici pour une très courte durée. Elles m’ont sollicitée et j’avais envie de jouer avec elles. Le choix a été facile.

Elle me dit tout le temps qu’elle est très drôle, mais en français.

Stefanie Dolson à propos de marine Johannès

C’était vraiment drôle de vous voir ensemble avec Marine devant les médias cette saison. Qu’est-ce que tu savais d’elle avant que vous ne deveniez coéquipières, et est-ce que quelque chose t’a surpris chez elle ?

Je ne savais pas grand-chose et rien d’autre que ce que Gabby m’en avait dit après qu’elles aient joué ensemble en équipe nationale. On m’avait dit qu’elle était timide. Je savais qu’elle était flashy sur le terrain. Mais globalement, ce qui m’a surpris c’est à quel point elle a de la personnalité et à quel point elle est drôle, bien qu’elle soit timide quand elle ne parle pas anglais. Elle me dit tout le temps qu’elle est très drôle, mais en français. Je suis en train de découvrir ça.

Tu joues à New York depuis deux saisons, tu es née et tu as grandi dans l’état de New York, à quel point est-ce difficile de jouer là-bas, avec toutes les attentes, la pression ? Jouer au basket à New York c’est différent d’ailleurs, non ?

Oui, c’est clairement difficile. Ces deux dernières saisons, on a clairement placé ces attentes nous-mêmes, avec la franchise, le nouveau propriétaire Joe Tsai… Je pense que l’on voulait clairement bâtir quelque chose.et qu’on y est parvenu. Les fans adorent ce qui se passe et ils prennent du plaisir. Tout ça a rendu les matchs plus excitants et a augmenté la pression. Mais on aime la pression, en tant qu’athlètes et ce sont des moments qu’on recherche absolument.

Plus jeune, tu te voyais jouer pour New York, avec un maillot de New York sur toi ? Est-ce qu’il y avait des joueurs de New York qui t’ont servi d’inspirations ?

Je ne me voyais pas forcément avec New York. Plus jeune j’étais une fan des New Jersey Nets. Je vivais dans l’état de New York, mais probablement bien plus près de là où jouaient les Nets. Mais j’ai regardé jouer T-Spoon et Rebecca Lobo avec un maillot de New York. C’était une source d’inspiration. Je ne savais pas si je jouerais un jour pour une équipe de New York, mais je suis heureuse que ça se soit produit et que je fasse partie du Liberty aujourd’hui.

Cette saison, à New York, tu as joué moins de matchs et eu un temps de jeu plus faible. Bien sûr il y a eu ces gros mouvements dans l’effectif et l’arrivée de stars, mais comment as-tu géré ce changement de rôle et de temps entre ta première et ta deuxième saison ?

Ça a été dur dans un premier temps, c’est clair. Tu es dans une équipe, tu en es la pivot titulaire, puis la saison suivante tu sors du banc. Ce n’est pas facile, mais j’ai mis mon ego de côté et au final j’aime gagner et je veux remporter le titre. Si ça signifie que je dois jouer 5 minutes ou 15 minutes, ça m’importe peu. J’avais envie de faire partie de ça et c’est pour ça que j’ai choisi New York : pour participer à instaurer une culture de la gagne. Comme je l’ai dit, j’ai juste dû ravaler ma fierté et être présente quelle que soit la manière dont on avait besoin de moi.

Tu sembles toujours être cette fille qui adoucit l’atmosphère, qui rebooste tout le monde et arrive à être drôle. Pour moi, c’est une forme de leadership. Est-ce que tu as toujours été une personne et une joueuse avec cette personnalité ou est-ce que c’est quelque chose sur laquelle tu as travaillé et acquis en cours de carrière ?

Clairement, j’ai toujours été comme ça. C’est de là que vient mon nom de compte Instagram (Big Mama Stef). Je veux juste toujours m’assurer que tout le monde est content et prend du plaisir dans ce que l’on fait. Notre métier, c’est jouer au basket, donc se pointer en souriant ne devrait pas être si dur. Donc j’essaye de faire ça aussi souvent que je le peux et de m’assurer que les ondes positives sont toujours là, même si ça implique de faire une blague ou quelque chose avec Marine pour faire rire tout le monde. Je suppose que j’ai toujours été comme ça.

Avant de venir en France, qu’est-ce que tu connaissais du basket français et du pays ?

Pas grand chose. J’ai joué contre Montpellier et, je crois, contre Basket Landes, donc ce n’est pas grand chose. Je sais que c’est une ligue très physique, où on joue sur un rythme très élevé. Je le sais parce que j’ai joué avec Marine, donc j’ai vu ce rythme extrêmement rapide. Pour la France en elle-même, je n’ai été qu’à Paris, et Lyon maintenant. C’est une ville incroyable. J’y ai été avec ma soeur et ça a été une superbe expérience. J’ai hâte d’y retourner parce que ça fait 6 ou 7 ans. J’aimerais pouvoir y faire une visite, mais je suis heureuse d’être ici et de jouer.

Est-ce qu’il y a une chance qu’on te voit aux J.O. à Paris, peut-être sur le 3×3 ?

Oui, c’est clairement une possibilité. Il y a eu quelques changements au niveau du 3×3 qui font que c’est un petit peu plus compliqué. Mais j’espère qu’à l’intersaison, une fois que j’aurai fini de jouer avec la France, je pourrai participer à des tournois et obtenir les points qu’il me faut pour participer aux Jeux Olympiques l’an prochain.

Si ça te va, j’aimerais que l’on parle de ton passage à Connecticut, parce que c’est toujours fascinant pour les fans européens d’entendre des récits sur le basket à la fac et à quel point c’est fort, particulièrement à UConn. Ici, on n’a pas de basket universitaire. Est-ce que tu peux revenir sur le moment où tu as réalisé que tu étais dans un endroit et un environnement uniques, avec un coach vraiment unique aussi et une culture de la gagne comme nulle part ailleurs…

Oui, UConn est clairement un endroit spécial que peu de gens ont la chance de connaître. Je dis souvent que tout le monde devrait rencontrer Geno au moins une fois dans sa vie. Il est capable de te dire quelque chose auquel tu ne t’attends pas venant de lui et en 5 secondes ça peut changer ta vie. Jouer là-bas a été difficile pour moi, j’ai failli partir ailleurs après mes 4 premiers mois. Je voulais partir parce que c’était trop dur. Quand tu es freshman, c’est difficile partout. Mais Geno m’a convaincue de rester et c’est grâce à ça que j’ai pu aller en WNBA selon moi. Si j’avais dans n’importe quelle autre fac, je ne sais pas si j’aurais pu aller en WNBA ou même être prise en 6e position de la Draft. Ça a changé la joueuse que j’étais, ça m’a rendue plus dure et globalement ça a été une super expérience, j’ai adoré être à UConn. J’adore Geno et le système qu’il a créé.

A propos de Geno, toutes les joueuses de UConn semblent avoir une histoire particulière et des anecdotes avec lui. On sait qu’il aime toutes ses joueuses, mais quand je regarde ce qu’il disait sur Bria et toi quand vous étiez là-bas, on dirait qu’il y a vraiment un lien particulier. Il était très ému quand tu es partie. Il a dit qu’il n’avait jamais à s’inquiéter de quoi que ce soit, qu’aucune autre joueuse n’avait eu à gérer autant de pression que toi, que tu étais une joueuse incroyable et une personne incroyable. Est-ce qu’il y a quelque chose avec lui, un moment peut-être, que tu chéris plus que les autres ?

Il y a plusieurs moments où Geno a exprimé ces choses-là envers moi et à chaque fois qu’il me parle, il me fait sentir que je suis spéciale et comme si j’étais chez moi. Je n’ai pas un moment spécifique en tête, mais il m’a déjà dit que parmi toutes les joueuses incroyables qu’il a coachées, j’étais l’une de ses préférées, ce qui est un honneur pour moi. Parce que je suis l’une des nombreuses joueuses de UConn qui sont allées en WNBA, mais je ne sais même pas si je suis dans le top 10 en termes de talent. Donc sentir qu’il a aimé me coacher, ça représente beaucoup pour moi. J’ai toujours voulu être une bonne coéquipière quand j’étais à la fac. Le fait que ma vie ait évolué de cette manière, je lui dois et il y a eu plein de bons moments pour moi avec Geno.

Je suis sûr que tu continues suivre la NCAAW et UConn en particulier. 2024 sera sans doute l’année où des joueuses très attendues comme Paige Bueckers, Caitlin Clark, Cameron Brink ou Angel Reese seront draftées. Est-ce que tu as hâte de voir l’une d’entre elles en particulier dans la ligue et est-ce que tu penses que ces filles peuvent peut-être aider la WNBA à grandir encore davantage ?

Oui, je le pense. Honnêtement, je les regarde toutes jouer et ce qui est bien avec le basket universitaire, c’est de voir comment ces filles, qui sont en dernière année, vont réussir leur transition en WNBA. Certaines ont du mal, d’autres s’épanouissent et font bien mieux. Je pense que celle que j’ai le plus hâte de voir, c’est Caitlin Clark. Elle a tellement dominé à la fac et je suis excitée à l’idée de voir comment ça se transposera en WNBA. Elle a un talent unique de par la distance à laquelle elle shoote à 3 points et de par sa vitesse, sa prise de décision… J’ai hâte de toutes les voir jouer, mais Caitlin sans doute encore un peu plus.

Il y a 7 ans, tu as fait cette super interview dans ESPN Magazine, où tu avais fait ton coming out en tant que membre de la communauté LGBTQ. Tu avais eu ces mots que j’avais trouvé très inspirants : “Beaucoup de gens ont du mal à accepter qui ils sont, on a besoin que des gens fassent leur coming out pour leur montrer qu’ils peuvent être eux-même”, etc… Sept ans plus tard, est-ce que tu penses que les choses se sont améliorées sur cette question, que ce soit dans le sport ou en général ?

Absolument et en particulier en WNBA. Je pense qu’en ce qui concerne les choses que les filles dans la ligue soutiennent et représentent, nous sommes des pionnières parce que l’on se soutient, que l’on montre notre cohésion, notre unité. Je pense que les choses se sont améliorées et que le monde a commencé à accepter et comprendre la communauté LGBTQ+ et ses membres. Il y a davantage d’alliés. Je pense que le soutien doit continuer, mais on va tous dans une direction très positive.

Il y a eu beaucoup de progrès en WNBA ces dernières années, avec le nouveau CBA notamment. Où peut-il y avoir encore des améliorations pour les prochaines années et pour le futur, selon toi ? Quels sont les points les plus importants à aborder ?

Il faut continuer de mettre nos noms en avant. La visiblité à la télé s’est améliorée mais je pense que ça peut encore être mieux. On voit toujours la différence entre le basket universitaire et la WNBA en termes de soutien et du nombre de fans qu’il y a. On peut continuer de grandir en amenant plus de téléspectateurs, plus de gens et plus de sponsors. Avec ça, l’argent viendra et en tant que joueuses on bénéficiera d’un meilleur traitement. C’est quelque chose de fondamental pour nous. Je sais que Stewie parle toujours d’obtenir des avions privés plutôt que des vols charters. Donc on doit continuer de pousser pour des choses comme ça pour que nos corps et nos carrières puissent durer plus longtemps. C’est très dur pour beaucoup de joueuses qui doivent aller à l’étranger pour gagner de l’argent. Elles voyagent constamment et sont en 2e classe dans l’avion. Des filles d’1m95 ou 2m en seconde classe… C’est difficile de jouer toute l’année comme ça, donc ce sont des choses comme ça oui.

Tu as joué en Russie, en Chine, en Turquie donc tu sais ce que c’est. Qu’est-ce que tu as le plus aimé de ces aventures à l’étranger ? Et j’imagine que ça comporte aussi ses difficultés sur et en dehors du terrain.

Toute chose comporte ses difficultés, mais ce que j’aii aimé ce sont les joueuses. En rencontrer de nouvelles femmes à travers le monde, créer ces liens, ces amitiés… Parfois ça va durer un mois et tu ne leur parles plus après, mais ce mois sera celui où tu t’es le plus amusée. Tu as la chance de découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux pays, de nouvelles villes… Je suis une vraie fan de nourriture donc j’adore essayer de nouvelles cuisines et recettes. J’ai passé du bon temps à l’étranger. Je suis un peu plus âgée maintenant, donc je ne le fais plus aussi souvent parce que je dois prendre soin de mon corps, mais j’ai aimé les quelques années passées à l’étranger.

Si tu es une fan de nourriture, tu es tombée au bon endroit à Lyon.

Je sais ! Et j’essaye de perdre du poids, donc je ne sais pas comment ça va se passer.

Bonne chance !

Je sais, je sais .

Même quand elle te met 25 points en silence, ça reste 25 points.

Stefanie Dolson à propos d’Emma Meesseman

Dernière question avant de te libérer. La moitié des mes collègues et amis chez Swish Swish sont belges, qu’est-ce que tu peux me dire sur Emma Meesseman en tant que joueuse et personne ?

Elle est incroyable et extrêmement talentueuse. J’ai pu jouer avec elle à Washington et brièvement en Russie. Elle a tellement de talent et pour aller avec ça elle est tellement adorable. C’est une gentille personne, qui parle doucement, mais quand elle entre sur le terrain, elle domine. Même quand elle te met 25 points en silence, ça reste 25 points. Elle est très efficace et prend peu de mauvais tirs. Je respecte son jeu et qui elle est en tant que personne. Elle est vraiment super.

Merci Stefanie, bonne chance pour ce mois à Lyon, amuse-toi bien et prends soin de toi.

Merci, contente de t’avoir rencontré.

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