Vous le savez sans doute la NCAAW a repris il y a quelques jours. Il est assez rare sur les premières semaines de compétition d’avoir des importantes confrontations, les équipes préférant souvent se mettre en route tranquillement. Alors, quand le calendrier est sorti et qu’on a vu un alléchant UConn – Texas à une heure « presque acceptable » (00h30) dès la deuxième semaine c’était effectivement à ne pas manquer. Ajoutez la cérémonie de retrait de maillot de Swin Cash (légende WNBA et de UConn) en ouverture et tout était réuni pour que le spectacle soit au rendez-vous !

Dès le début de la rencontre, malgré de nombreuses balles perdues de chaque côté, dues très certainement au rodage des deux équipes, on sent la forte intensité et une opposition de styles. Si les protégées de Geno Auriemma insistent sur une défense tout terrain étouffante, à l’image de Nika Muhl, provoquant beaucoup de jeu rapide (14-2 sur contre-attaque), Texas sans sa jeune meneuse de talent Rori Harmon (blessée au pied) insiste sur son avantage physique à l’intérieur. Les deux équipes se rendent coup pour coup (7 fois égalité et 10 changements de leader sur les 15 premières minutes). Juste avant la mi-temps, les Huskies prennent le lead grâce notamment à une Aubrey Griffin percutante auteur de 10 points à la mi-temps en sortie de banc (42-37).

Au retour des vestiaires, l’ancienne joueuse de De Paul, Sonya Morris (21 points à 5/10 à 3pts) prend un bon relais pour maintenir les Longhorns à flot pendant que les Huskies décident de ne plus perdre le ballon (2 turnovers contre 13 en première mi-temps) tout en capitalisant offensivement sur presque chaque possession pour porter l’écart à 12 points à 10 minutes de la fin. Les dix dernières minutes seront marquées par la classe et le leadership d’une joueuse : Azzi Fudd !

Les Huskies, bien lancées collectivement sur les 3 premiers quart-temps (4 joueuses à plus de 10 pts), se sont reposées totalement sur leur sophomore. Azzi a littéralement porté son équipe, en annihilant tout retour des Longhorns, avec 17 points sur les 20 de Connecticut en shootant à 7/9. Dernier symbole : finir à 32 points le jour du retrait du numéro 32 de Swin Cash. Le basket est par moments bien fait !

Finalement, les Huskies s’imposent 83-76 dans un match de très bonne facture et montrent encore une fois malgré les inquiétudes de certains observateurs liées à l’absence de Paige Bueckers, indisponible pour la saison, qu’il faudra encore compter sur elles…

Azzi Fudd est-elle en train de devenir une star ?

Question certes un peu provocante au bout de seulement deux matchs, mais il y a des indicateurs qui ne trompent pas. La sophomore avait donné le ton dans une longue interview à The Athletic avant le début de saison en déclarant : « La freshman Azzi est partie, je suis une joueuse totalement différente maintenant”. Elle y avait notamment avoué avoir passé une première année difficile à cause d’un problème au pied qui l’a beaucoup handicapée.

Même si sa saison freshman était plus qu’honorable, notamment offensivement (12 points de moyenne à 43% à 3 points), dans l’une des plus grandes universités du pays, ce qui me marque en ce début d’année c’est son impact sur tous les secteurs de jeu. La saison dernière, on avait entrevu la shooteuse remarquable avec une gestuelle mécanique parfaite, mais on restait sur notre faim du potentiel annoncé sur les autres aspects de jeu. Après seulement deux rencontres, on peut déjà affirmer qu’elle est devenue une autre joueuse.

Le scoring

Auteur de 26 et 32 points lors des deux premiers matchs de saison, Azzi Fudd compile 58 points, ce qui en fait la joueuse la plus prolifique au cours des 20 dernières années au bout de 2 rencontres, devant des monstres sacrés comme Diana Taurasi ou encore Maya Moore (excusez du peu 😊). Capable désormais de driver, de shooter à 3 points et de finir en transition, elle possède toute la palette offensive d’une extérieure. En résumé, finie l’époque où elle se contentait d’attendre des opportunités de shooter à 3 points sur des passes de renversement. En ce début de saison, Azzi Fudd a déjà battu par deux fois son record de points.

La création

Autre aspect sur laquelle on la connaissait peu : la création du jeu. Sur les deux premières rencontres; on l’a vue régulièrement organiser le jeu et porter la balle. Certes, ce n’est que sur deux matchs, mais les intentions sont présentes et l’augmentation de passes décisives (4 contre 1 la saison dernière) est significative.

La défense

La saison dernière, on avait déjà  observé qu’elle était très “dure” sur la joueuse. Là où elle est déjà en pleine progression, c’est sur la pression incessante qu’elle met désormais sur la porteuse de balle, avec une vraie capacité à intercepter (3.5 interceptions de moyenne, dont un match à 6).

Le leadership

C’est pour moi l’aspect le plus important de sa progression. Au-delà des statistiques, elle dégage une sérénité sur le terrain pour elle et ses partenaires. Ainsi, quand il faut prendre le match à son compte, aucun souci. Scorer 17 points dans un quart-temps décisif, c’est extrêmement rare, surtout à cet âge et dans une équipe avec autant de talent autour d’elle. Même dans le discours, on l’a vu lâcher un « Where was she going ? » (“Où allait-elle ?” en VF) à sa partenaire et amie Paige Bueckers, lors d’un temps mort après que sa joueuse en défense l’a laissée shooter toute seule à 3 points pour venir compenser une aide défensive.

Pas question de s’emballer mais le futur semble être radieux pour Azzi Fudd et la voir s’éclater et jouer aussi bien, de façon complète, au basket c’est tout ce qu’on lui souhaite !